Scubabécédaire : l’intégrale ! 26 lettres de l’alphabet, 26 définitions pour le plongeur distingué. Articles originaux à retrouver sur Scuba People.

 

A COMME… APNÉE

Définition

Action de retenir sa respiration tout en se pinçant le nez…

Synonymes

Plongée libre | plongée en gueuse | à bout de souffle | avoir le souffle coupé | Le Gros Bleu…

Entrée

Les apnéistes, en général, ne manquent pas d’air. Leur objectif est de séjourner sous l’eau le plus longtemps possible et de battre des records de profondeur, avec ou sans palmes. En mer ou en piscine ; en eaux chaudes ou réfrigérantes ; sous terre, sous glace, dans les toilettes du club… On s’y perd un peu dans toutes ces catégories de poids constant, pas constant… J’ai d’ailleurs remarqué que tous les apnéistes de mon entourage sont champions du monde dans au moins une de ces multiples spécialités. Homme ou femme, avec ou sans plombs, string ou pas, végan ou sous cassoulet, fumeur ou non fumeur, avec ou sans Zodiac… Il y a même une discipline d’apnée statique avec inhalation préalable d’oxygène ! Le record est de… 24’ 03 s.

Quand l’apnée dure plusieurs heures, on doit considérer qu’il s’agit en fait d’une noyade et il est alors judicieux de remonter le corps, pour le faire sécher…

La pratique de l’apnée s’est perfectionnée au cours du 20ème siècle à Marseille (2ème ville de France) en raison des grèves chroniques des éboueurs municipaux et des égouts éventrés sur une base décennale. N’oublions pas que Jacques Mayol était marseillais.

Plat

Comme beaucoup, j’ai commencé ma découverte du monde sous-marin par la chasse sous-marine. En apnée donc. Hors saison, nous nous entraînons dur, mon père, mon frère et moi, tous les dimanches matins, à la piscine de Massy Palaiseau, à s’en faire péter le caisson. Les carrelets bretons n’avaient qu’à bien se tenir !

C’est ainsi que j’arrivais à mes records personnels : 3’ 20 d’apnée statique et 2’ 40 en dynamique. Le fait que je me souvienne de ces chiffres prouve bien la vanité de nos tentatives d’alors. Car, si nous avions découvert empiriquement que les mouvements du diaphragme prolongeaient l’apnée, nous aurions été bien loin d’imaginer rester plus de 11 minutes sous l’eau comme cela se pratique aujourd’hui ! Côté profondeur, nous pêchions tranquille, dans les 10 m. Même si quelques incursions « record » nous avaient fait franchir les 20 m… Jusqu’à ce jour où à la suite d’un inexplicable cafouillage, je ne laisse échapper mon profondimètre qui coula en spirale dans l’eau translucide d’un atoll des Maldives. Je voyais très bien l’instrument, échoué entre deux buissons de corail… Je me ventilais un peu et entamais la descente en apnée. Qui me parut interminable. Mais le profondimètre était là, pourtant, au bout de ma main tendue… Quand je m’en emparais, en route vers le hublot bleu de la surface, je pus constater que l’aiguille était calée sur moins trente ! Aller chercher son record en maillot de bain, ça avait quand même de la gueule ! Mais quel dérisoire performance, encore une fois, comparée au record d’une Natalia Molchanova en « poids constant avec palmes », à -101 m en 2011…

Dessert

En dehors des mythiques “pêcheurs de perles des îles de la Sonde”, le premier exploit répertorié d’un apnéiste remonte à 1913. Le Regina Margherita, un cuirassé de la Marine Royale italienne, venait de couler dans les 80 mètres, devant l’île de Karpathos, dans les Cyclades. Un pêcheur d’éponges, Haggi Statti, se propose de récupérer l’ancre et la chaîne. En apnée ! Il prétendait plonger régulièrement à 100 mètres. Ce petit bonhomme famélique ? Avec son emphysème pulmonaire et ses deux tympans crevés ?

Dans les jours suivants, Haggi plonge une cinquantaine de fois sur des fonds de 60 à 84 mètres, en maillot, lesté d’une grosse pierre pour la descente et à la force des bras le long d’une corde, pour remonter. Enfin, il retrouve l’ancre par 76 mètres de fond…

« Au fond, je sens tout le poids de la mer, là, sous les épaules. J’ai la gorge serrée, je suis oppressé mais je ne pense plus à respirer »…

Aujourd’hui, les records s’établissent à 11’ 35 s en apnée « statique », – 132 m de profondeur en apnée « poids constant sans palmes » (à la brasse, avec juste un string léopard) et – 214 m en « no limit »… Des performances qui forcent le respect.

La baleine à bec de Cuvier, quant à elle, est capable d’apnées de plus de 137 ‘ pour atteindre des profondeurs de 2992 m. Mais on s’en fout : les japonais vont bientôt buter la dernière…

Café

L’apnéiste néo-zélandais William Trubridge traversant l’arche du Trou Bleu de Dahab en Égypte… à la brasse et en slip ! Vous n’êtes pas obligés de l’imiter.

B COMME… BLOC

Définition

Lourd cylindre d’acier ou d’aluminium rempli de gaz sous pression qui fait mal au dos et menace à tout moment de vous fracasser les cervicales.

Synonymes

Bouteille de plongée | Bouteille d’air comprimé | Scaphandre autonome
Entrée

J’ai failli choisir comme entrée B comme… Barotraumatisme. Mais la seule définition que j’ai trouvé sur Wikipédia était : « Personnes traumatisées par de trop longs séjours au bar ». Politiquement incorrect ! Va donc pour « Bloc ».

Bloc… Quelle nom stupide ! Quand j’ai commencé (au Moyen Age) on parlait de  bouteille. On faisait de la « plongée bouteille » ! Ça avait de la gueule ; par rapport aux plongeurs « en tuba »… Mais, « plongée bloc », c’est ridicule… Quand je suis arrivé en Australie, c’étaient des « tanks », aux US, des « cylinders », au corail avec les sardes, des « bombole » : comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ? Bloc de quoi d’abord ? Bloc-notes ? Bloc de béton, de foie gras ? Bloc opératoire ? Bloc 19 ? J’ai déjà eu l’occasion dans l’article sur les caissons, de m’insurger contre cette imprécision de termes dans une langue pourtant l’une des plus riche et précise du monde…

Quoiqu’il en soit, bloc ou bouteille, ces réservoirs occasionnent bien des guerres civiles à bord des bateaux de plongée comme nous le racontions dans notre podcast “Cette bouteille, c’est la mienne !

Plat

La bouteille de plongée a été inventée en 1839 par James Elliot et Alexander McAvity, de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, à l’est du Canada : nous voilà bien avancés ! Si quelqu’un a plus de détails, qu’il n’hésite pas à se manifester… Car pour nous, la bouteille c’est le CG 45 de Cousteau-Gagnan. Composé de 3 blocs qui étaient gonflés, je crois, à 150 bars. A mes débuts, c’était le règne du bi 2×9 litres ou de la 12 litres à… 177 bars. J’ai toujours été traumatisé par la précision de cette pression de service qui m’obligeait à rester debout devant le compresseur, les mains crispées sur les purges et robinets, tout en devenant progressivement sourd…

Ensuite sont arrivées les “200 bars”, autrement plus sérieux ! Qu’on gonflaient, bien entendu, à 250 bars (chaud). Et les 15 litres, les 18, les 20 litres… Je ne sais pas quel bond la technologie avait bien pu faire pour nous permettre du jour au lendemain à passer de 177 b à 200 b ? Sans doute une histoire de normes et de paperasses. Quant aux pressions, c’était l’escalade :  232, 300 bars… Nous avions testé en Australie des bouteilles composites en fibre de verre de l’Aérospatiale jusqu’à 450 bars. Avec la fibre de carbone on peut monter encore plus haut comme dans certains recycleurs. 

Plonger comme une enclume…

Mais, pour en revenir aux normes, tout le monde n’était pas logé à la même enseigne au sein des réglementations européennes. En France, on ne pouvait utiliser que des 18 litres acier d’un poids de 25 kg ! Des enclumes ! En spéléo, les associer en bi ou en tri n’était même pas envisageable. Mais il existait pourtant des 20 litres / 20 kg. En Italie. L’arme absolue ! Le rapport parfait poids/volume pour composer de gros scaphandres. Pour nos expéditions, c’est Jochen Hasenmayer qui se chargeait de négocier nos bouteilles chez Faber, à la frontière slovène. Nous allions ensuite les récupérer chez lui, dans la Forêt Noire, non sans les avoir “sâlies” avant de repasser discrètement la frontière française…

Dessert

La plongée est tout de même un sport curieux : qui d’autre accepterait de porter sur le dos une vraie bombe à retardement ? Dans les années 80, les spéléos utilisaient ainsi des extincteurs détournés de leur usage en raison de leur légèreté. Un avantage certain quand il s’agit de transporter du matériel de plongée à des milliers de mètres sous terre. Sauf que ces réservoirs n’étaient absolument pas prévus pour supporter les pressions auxquelles les explorateurs les gonflaient. Nous avons ainsi perdu un bon ami, déchiqueté par un extincteur ayant éclaté dans son garage lors d’un gonflage.

Si les accidents de ce type ne sont pas rares au gonflage (où toutes les précautions sont prises, en principe, pour éviter le pire) je ne crois pas qu’il y ait eu de cas d’éclatement de bouteilles en plongée. Mais il n’en va pas de même des fameux premiers étages “à étrier”. La place me manque ici pour vous raconter comment avec René Heusey, lors d’un tournage à l’île Maurice dans l’épave du Stella Maru, nous avions successivement tapé du premier étage sur le même obstacle, nous retrouvant en apnée avec une fuite majeure derrière la nuque… Mais ceci me rappelle une autre anecdote, en Normandie cette fois.

Nous étions en repérage dans une source glauque au pays de la craie et l’un de nous s’était dévoué pour explorer la vasque d’eau glaciale. A l’ancienne : néoprène “peau de requin”, bi “3,2 m3”, détendeurs Spiro 8 à étriers, Fenzy, casque de chantier, lampes Aquaflash à piles, dévidoir bricolé et Yalaah !

C’est alors que retentit une détonation et que nous avons vu notre pote Hervé littéralement partir dans les vapes, les bras en croix, coulant lentement. Prestement récupéré et allongé sur la berge, nous avons pu constater que l’étrier du premier étage avait cédé soudainement, projetant le premier étage comme une balle dans la Fenzy d’abord, pulvérisant l’arrière du casque ensuite avant de finir sa course dans la nuque heureusement protégée de néoprène d’Hervé qui lentement reprenait conscience, apparemment sans séquelles, tenant des propos sans suite. Enfin, normal, quoi… Toujours est-il qu’il se souviendrait longtemps de ce “coup du lapin”…

Café

Il est toujours assez jubilatoire d’assister à ces tests d’éclatement. En toute sécurité, bien entendu. Suspense insoutenable au delà de 320 bars…

C COMME… CAISSON

Définition

Boîte le plus souvent en métal, en principe étanche, destinée à contenir des caméras et éventuellement des plongeurs en pleine effervescence…

Synonymes

Chambre hyperbare | Caisson de recompression thérapeutique | caisson étanche

Entrée

Bien entendu, la taille de ces caissons est proportionnelle à l’usage que l’on veut en faire. Il ne viendrait à l’idée de personne de chercher à forcer un accidenté à entrer dans un caisson prévu pour un smartphone ! Même avec beaucoup de silicone… C’est d’ailleurs terriblement agaçant cette manie d’appeler deux choses très différentes par le même nom : portable, par exemple ! Portable ou portable ? Caisson ou caisson ? La langue française est pourtant assez riche ! Imaginez les méprises… Nous allons donc laisser de côté l’aspect thérapeutique (avec ou sans hélium) et nous focaliser sur les caissons photo et vidéo.

Plat

Beaucoup de ceux-ci me sont passés entre les mains, avec plus ou moins de bonheur. En plastoque, en composite, en ferraille. Des bras, des flashs, des connecteurs et des câbles, des dômes à n’en plus finir. Et j’ai toujours pensé que ces machines, les premières en tout cas, étaient surtout efficaces pour faire des prélèvements d’eau… J’ai pour ma part noyé un nombre considérable d’appareils photo et de caméras plus ou moins plaquées or.

Heureusement, ce n’est qu’une goutte d’eau !

Car, inutile de dire que l’accessoire vaut son prix et plus encore ce qu’il est censé maintenir au sec : l’appareil photo et son objectif dernier cri. Si bien que le photographe sous-marin est pratiquement obligé de suivre un traitement antidépresseur tant son angoisse est grande à chaque mise à l’eau de son bijou. Je me souviendrais toujours de ce retour de plongée aux îles Vierges où un gars tenait son engin par les deux oreilles en le regardant dans le blanc du dôme, geignant que le caisson avait pris l’eau. « Heureusement, ce n’est qu’une goutte d’eau ! Je vais l’ouvrir.» ajoutait-il. J’ai du lui faire remarquer qu’il s’agissait en fait d’une bulle d’air…

Et cet autre photographe en Égypte qui, remonté à bord du grand Zodiac, n’avait rien trouvé de mieux que de laisser son caisson plonger avec toutes ses excroissances, au bout d’un court pendeur à l’arrière, le temps qu’il achève de se déséquiper. Et de l’oublier ! Le zod démarre plein pot sous les cris de l’infortuné qui vient de réaliser. Arrêt d’urgence, trop tard : sur son erre, le beau caisson est venu s’entortiller autour de l’hélice dans un chapelet de bulles d’air ! D’où l’expression : « se faire péter le caisson »…

Dessert

Les caissons,  une vieille idée… Le premier qui s’est risqué à enfermer une caméra dans un caisson était William Thompson en 1856. Il réalisa une photo “mi-air mi-eau”. Mais en 1893, Louis Boutan alla beaucoup plus loin, réalisant au passage le premier selfie sous-marin. Toute une affaire…

Avec son frère Auguste, Louis avait bricolé un caisson en bois contenant un appareil photo “Détective”. Il fallut ensuite qu’il plonge en scaphandre lourd, pour installer à 3m de profondeur le caisson sur un trépied. Ensuite, il replongea en maillot de bain, devant l’objectif. A l’époque, les temps de pose sur plaque de verre durent de 10 à 30 mn pour une exposition correcte. On ne sait pas comment ils ont fait mais, mieux valait savoir tenir l’apnée

Café

Reconstitution des premières plongées de Louis Boutan, à l’occasion du Festival de Barcelone

D COMME… DÉRIVANTE

Définition

Aller de l’avant sans possibilité de faire demi-tour. En espérant retrouver un bateau en courant. Une histoire de lâcher prise…

Synonymes

Plongée dans le courant | Machine à laver
Entrée

Quand j’ai commencé, la plongée dérivante n’existait pas. Pour la bonne raison que le Zodiac qui aurait pu nous suivre en surface était ancré et que nous étions tous au fond… C’était comme çà. Pas question de louper la chaîne d’ancre au retour ! C’est comme çà qu’on apprenait l’orientation sous-marine. Qu’on apprenait aussi, dans un courant de plus de 5 nœuds, à se déhaler sur les pieds de laminaires bretonnes jusqu’à rejoindre la chaîne salvatrice.

Plat

Bien sûr ces techniques “commando” étaient assez mal adaptées à la “plongée-loisir” de masse : on perdait plein de gens ! On a donc mis au point la technique de feignasse, dite de la “plongée dérivante”. Pour éviter de trop longs parcours à la palme à contre-courant, il s’agissait d’immerger plus ou moins de force une palanquée au point A pendant que le bateau tentait de suivre les bulles en surface et de se retrouver à l’heure dite au point B pour la récupération.

Du point A au plan B…

Mais se retrouver en fin de plongée en pleine mer, en grappe sous un frêle parachute comme des enfants sous leur ballon de baudruche, en attendant un hypothétique bateau ne m’a jamais paru être le comble du confort psychologique. Perdus en mer, oui…

Perdus et parfois abandonnés. Et les accidents de ce type sont hélas nombreux. J’ai raconté dans le livre Narcoses comment une infortunée palanquée à la dérive s’était retrouvée sur une île déserte, cernée par les varans géants…

Il est d’ailleurs surprenant de constater que les moyens de repérage de plongeurs perdus n’ont pas beaucoup évolué. Toujours pas de balise Sarsat en standard sur les blocs et gilets de plongée… Alors bien sûr, la plupart du temps on retrouve le bateau. Les marins maldiviens sont à cet égard des experts : ils connaissent les fonds mieux que nous, rien qu’en lisant la peau de la mer. Et savent coiffer nos dernières bulles de l’ombre bienveillante de leur dhoni.

Car, blague à part, comment renoncer à l’expérience extraordinaire de la plongée dérivante ?

Dessert

Comment oublier tous ces merveilleux endroits où j’ai dérivé ? Alors, dérivons… Dans la passe de Rangiroa, raides comme des I dans le bleu infini, avec les dauphins, les requins, les mantas… Aux Maldives sur Ari Atoll, en compagnie de raies pastenagues géantes… Au Mexique, dans le courant du Yucatan ; une plongée passionnante où il était possible de faire une halte dans une épave, à l’ombre du courant, en carangorama. Avant de lâcher prise encore, happés par le bleu, dans le sillage des tortues… En Egypte, entre les Ras de Shark Reef et Yolanda Reef, au milieu des bancs d’écailles. Dans le Gulf Stream, au large de la Guadeloupe, avec les cachalots, dans les vortex de Komodo, entre deux océans, presque en apnée… J’en plane encore ! Et vous ? Quelle a été votre plus belle dérivante ?

Café

Les amateurs de sensations fortes trouveront leur bonheur au Canada, en Colombie Britannique, dans les rapides de Sechelt (Skookumchuck Narrows). A cet endroit où l’îlot Jervis se resserre vers celui de Sechelt, le courant de marée atteint 16,1 nœuds (près de 30 km/h). On y pratique la plongée à l’étale…

Et pour finir, cette plongée dans le Golfe du Morbihan, dans les 7 noeuds de courant, filmée par Philippe Abalan  : pas non plus de la dérivante de “Mickeys” ! 

E COMME ÉTANCHÉITÉ

Pas de plongée possible sans une bonne étanchéité !

Définition

Concept fondamental qui fait la différence entre une plongée réussie (avec nos précieux équipements audiovisuels et nos testicules bien au sec) et la banale plongée foirée, grelottant et au bord de la noyade…

Synonymes

Sec | Waterproof | 

Entrée

Du gaz dans l’eau sans eau dans le gaz : le mariage de raison…

Par définition, la plongée se pratique sous l’eau si bien qu’en tant que bipède terrien on est à minima mouillé et en tout cas pas étanche. Ce qui n’est pas forcément grave pour un corps humain nu, au contraire des équipements nécessaires pour pénétrer et évoluer sous l’eau… Toute l’habileté des premiers plongeurs a justement consisté à faire fabriquer des équipements étanches. Citons les cloches à plongée et autres tonneaux de Leathbridge, les premiers scaphandres pieds-lourds et leurs successeurs, autres enveloppes plus ou moins rigides. 

Car, en plongée, tout doit être étanche ou presque : les montres et leurs successeurs digitaux, les lampes, les batteries, les caméras et appareil photo, les bouteilles de gaz (dans les deux sens), les propulseurs sous-marins et jusqu’aux vêtements (secs)

Rien n’est plus difficile que de rendre étanche à l’eau une enceinte fermée et au fil des temps, les solutions les plus diverses voire farfelues ont été employées : manchons en cuir huilés, filasses et fibres diverses graissées, étoupe (d’où le “presse étoupe”), feutre, bitume, joints plats serrés à mort, plus ou moins élaborés puis caoutchouc naturel devenu synthétique, polymères et élastomères de synthèse, silicones… Et le pire est que cela fonctionnait ! Yves Omer dont nous racontions certaines des aventures ici aurait beaucoup à raconter sur les astuces utilisées pour étanchéiser la bulle de vie Précontinent 3 à l’époque où les joints toriques n’existaient pas…

La lutte contre les entrées d’eau dans le matériel destiné à la plongée est une véritable saga. Les premières caméras par exemple (construites par Dimitri Rebikoff pour ne citer que lui), une fois chargées et fermées, étaient gonflées avec une pompe à vélo ce qui maintenait dans l’enceinte étanche une pression positive. Ainsi, en cas de fuite, c’était l’air qui sortait en bulles avant que l’eau ne rentre, avertissant ainsi le plongeur et lui permettant de remonter avant la catastrophe…

Plat

René Heuzey et son caisson Betacam. Photo DR.

L’ami Heuzey qui a filmé avec moi les premiers épisodes de l’émission Carnets de plongée utilisait un massif caisson cylindrique contenant les premières Betacam’s, caméra professionnelles numériques qui étaient une avancée majeure par rapport aux anciennes technologies “argentiques” mais restaient lourdes, volumineuses, sans parler du prix (on était encore très loin des “GoPro”). C’est ainsi que, dans l’espoir de protéger son investissement, je l’ai surpris souvent, bourrant son caisson d’éponges à vaisselle !

Il faudrait un livre pour raconter les plus belles aventures de prélèvement d’eau par un matériel en principe prévu pour le contraire. Tous les plongeurs ont eu à en pâtir.  Mais s’il me fallait n’en retenir qu’une, ce serait sans doute cette plongée à Turks & Caïcos ou aux îles Vierges à moins que ce ne soit à Antigua, en tous cas dans l’une de ces îles à cocotiers, plages de rêve et filles faciles…

Mon caisson !

J’ai déjà abordé brièvement le sujet dans l’article C comme caisson mais après tout, quand on aime on ne compte pas. Nous sortions d’une plongée récréative et ennuyeuse, trop courte, trop chaude, trop bleue, pleine de ces éponges et coraux dégueulasses des Caraïbes et de ces stupides couples de poissons-ange. Il y avait dans la palanquée un trainard aux dents blanches, équipé comme un porte avion : il ne lui manquait pas un colifichet et il ressemblait à première vue à un arbre de Noël. Un photographe ! Autrement dit, la plaie…

Il était équipé d’un caisson en métaux précieux, avec un Reflex dernière génération, motorisation, renvoi optique, objectif ultra grand angle sans déformation, dôme compensé, lampes pilotes, énormes flashs au bout de bras articulés, en forme de crustacé géant. La panoplie avait du coûter un oeil et sans doute les deux bras (sous l’eau, le type était un bras cassé…) et s’il n’était pas plaqué or, c’était l’esprit. Nous étions tous remontés attendant le photographe qui avait cette habitude détestable d’attacher le caisson à un pendeur pour remonter ensuite “le précieux” en toute sécurité…

– Tout le monde à bord ?

Le skipper voulant impressionner son monde enfonça soudainement la manette des gaz à fond pour un démarrage fulgurant digne des exhibitions “roue arrière” des motos débridées de nos banlieues. Las, le bateau retomba dans une gerbe d’écume et un grand “tacatac” de tôle froissée.

–  Mon caisson !

Le bout encore lesté avait décrit un arc de cercle et le fameux caisson oublié était remonté dans l’hélice… Le type devenu tout vert moulinait des bras comme un furieux sur le bout pour enfin hisser sur le pont son dégoulinant crabe aux pinces d’or. Il reprenait d’ailleurs lentement des couleurs ayant constaté et l’annonçant joyeusement à la cantonade qu’il n’y avait qu’une goutte d’eau dans le hublot ! Je m’en voudrais toute ma vie d’avoir détrompé le malheureux en lui expliquant que manifestement ce n’était pas une goutte d’eau mais une bulle d’air…

Dessert

Combinaison étanche et casque “Lama”, bulles de gaz dans l’eau…

C’est Thomas Edison le premier qui utilisa un joint plat et rond en caoutchouc pour étanchéiser son “ampoule électrique à filament” entre le culot de métal et le bulbe en verre de l’ampoule. L’inventeur conservait ainsi le vide à l’intérieur du bulbe. Il est à noter que cette innovation riche de développements, considérée comme une simple partie accessoire, ne sera même pas déposée par ce génial industriel aux mille brevets d’inventions…  

Ainsi, pour la pratique de la plongée, il fallait à l’aide d’une clé 6 pans en bronze serrer comme un sourd ces joints plats, petite rondelles de caoutchouc noir, entre la robinetterie et le détendeur pour espérer plonger sans fuite d’air. Encore que les plongeurs de l’époque étaient souvent repérés grâce à la colonne de bulles qui s’échappait de leurs bouteilles…

Nils Anton Christensen

Restait à inventer le joint torique, comme son nom l’indique en forme de tore où la pression se répartissait uniformément sur toute la surface et renforçait même l’étanchéité. Une idée qui paraît évidente aujourd’hui, encore fallait-il l’inventer. Ce qui fut fait dès 1937 par un dessinateur industriel du nom de Nils Anton Christensen.

En 1933, c’est dans le sous-sol de sa maison qu’il teste les prototypes de ces  joints d’étanchéité qui se déforment au gré de la pression pour épouser les formes des portées de joint. 4 ans d’essais – erreurs en taillant lui-même les joints à la main, au milieu des claquements secs des joints qui éclatent, en se faisant parfois taper sur les doigts jusqu’au sang… Le 2 octobre 1937, âgé de 72 ans, il dépose enfin la demande de brevet d’invention qui lui sera accordé le 21 novembre 1939 ! Etanche.

S’ensuit la Deuxième Guerre Mondiale où ces joints d’un genre nouveau furent largement utilisés pour l’armement et l’aéronautique, sans même demander l’autorisation de l’inventeur, d’ailleurs. Je tiens ces maniaques précisions du psychopathe collectionneur et néanmoins ami Philippe Rousseau dont on consultera à profit cet excellent article.

Il existe beaucoup plus que 18 joints…

Mais il n’y avait pas que les détendeurs à étanchéiser. Les robinetteries des bouteilles étaient alors à filetage conique, ce qui impliquait que “l’étanchéité relative métal sur métal (laiton chromé sur acier ou sur aluminium) ne pouvait se réaliser que sur 1 ou 2 tours seulement”. On obtenait l’étanchéité avec de l’étoupe enroulée entre les filetages mâle et femelle, avant de serrer encore au delà du raisonnable… Il était temps de passer aux filetages cylindriques rendus étanches avec… Un joint torique ! On en connait de toutes tailles, de tous profils (certains en trèfle à quatre feuille ou en marguerite pour augmenter les tangentes de contact) et de toutes matières (caoutchouc, téflon…) pour s’adapter à toutes les conditions d’utilisation, la température, notamment. 

Car ces saloperies de joints torique ne servent pas qu’à l’étanchéité en plongée. Le 28 janvier 1986, lors de la mission STS-51-l, un des gros joints toriques du booster d’appoint droit de la navette spatiale Challenger n’a pas gonflé assez vite à cause du froid ambiant ce jour là, provoquant une fuite de carburant enflammé qui a atteint le support du booster jusqu’à le rompre, l’espace de quelques secondes. Le nez du booster d’appoint a frappé le réservoir central et l’a fait exploser. La navette s’est désintégrée en vol 73 secondes après le lancement. Aucun membre de l’équipage n’a survécu…

Café

Et pour les collectionneurs et autres psychopathes des montres de plongée, ces quelques joviales considérations sur l’étanchéité de vos bijoux de poignet…

F COMME FERRAILLE

Dans le poste de pilotage du SS Thistlegorm.

Définition

Epaves en métal, par opposition aux épaves en bois, auxquelles certains plongeurs “ferrailleurs” vouent un véritable culte : les découvrir, les explorer, les gratouiller en tous sens, en scier les hélices ou démonter les hublots (pratiques aujourd’hui interdites), voilà tout leur bonheur. Plongées en tôles…

Synonymes

Epave | Fortune de mer  

Entrée

Un boutre arabe dans les profondeurs du sultanat d’Oman.

En terme de fréquentation et de spot de plongée loisir, les épaves constituent le “top”. On en trouve partout dans dans le monde, de l’Arctique à l’Antarctique, en eaux douces ou salées… Mais ces épaves qui nous intéressent, construites en acier (ferrailles) pour indestructibles qu’elles paraissaient, sont en fait très fragiles et meurent deux fois : une première en coulant et percutant le fond et une deuxième fois, littéralement digérées, à l’échelle des millénaires voire des centaines d’années, par des bactéries dont on a découvert assez récemment qu’elles se nourrissaient de fer !

Ainsi le Titanic, vénérable pyramide de métal qui repose à plus de 4000 m dans les profondeurs de l’Atlantique nord ne sera bientôt plus qu’un souvenir… A cet égard, les épaves en bois, souvent plus anciennes, se conservent plus longtemps surtout si elles sont ensevelies dans la vase ou dans des couches d’eau glaciales et peu oxygénées comme on l’a découvert en Mer Baltique ou dans la Mer Noire.

Il en existe des millions dans toutes les mers, lacs et fleuves du monde. A se demander si la vocation ultime de ces navires n’était pas de finir en sous-marin ! Au cours de mes voyages j’en ai évidemment visité un grand nombre et même découvert quelques-unes. Mais, habitué des explorations des cavernes immergées constituées d’eau pure et de roches virginales j’ai toujours eu tendance à considérer ces épaves comme le comble de la pollution : tas de ferraille rouillant doucement et perdant souvent, goutte à goutte, des huiles anciennes. J’ai conscience du sacrilège commis en écrivant ces mots tant il est vrai que la plupart des plongeurs vouent à ces sanctuaires marins une vraie religion. Souvent oasis de vie, c’est vrai qu’en dehors des “épaves au trésor”, ces monstres d’acier silencieux dégagent un certain mystère, une ambiance unique et une histoire passionnante à reconstituer…

Plat

Jean Pierre Joncheray, le “ferrailleur”.

Champion incontesté de cette passion singulière : le regretté Jean Pierre Joncheray avec qui nous avons plongé quelques fois.

Profond (!) Le sobriquet “ferrailleur” était d’ailleurs pour lui revendiqué comme un diplôme. C’est ainsi qu’il nous recevait dans sa villa sur les hauteurs de Fréjus, belle bâtisse dans un magnifique jardin méditerranéen à l’inspiration romaine si ce n’était l’invraisemblable amoncellement d’objets métalliques hétéroclites et dégoulinants, comme si la mer venait de se retirer dans sa propriété ! Il se rattrapait parfois en nous ouvrant un garage débordant d’amphores où de lampes à huile, au gré des fouilles archéologiques en cours. 

C’est ainsi que nous devisions, environnés de vieux hublots, de morceaux de ferraille à divers degrés de décomposition, d’hélices énormes dont le prédateur me confiait qu’il lui avait fallut près de 50 plongées à plus de 70 m pour les scier manuellement à ras du moyeu… Grand plongeur découvreur et communiquant par ses livres, je le soupçonnais toutefois de stocker ici ces reliques pour faire enrager sa première épouse qui semblait ne pas partager sa passion… Il avait ainsi entrepris de réhabiliter notre dernière trouvaille dans les cales d’une épave que je m’ingéniais à photographier : Une caisse à outils ! Avec des outils usuels qui me semblaient banals et pas si anciens que çà, dans leur gangue noirâtre et qui dégageaient une odeur “archéologique”. C’est d’ailleurs au cours d’une semblable plongée-gratouille (si vous cherchiez Jean Pierre, il fallait sonder à travers le plus gros nuage de rouille) que ce dernier devait se perforer un tympan, ce qui compliqua notre remontée, mais ceci est une autre histoire…

Le Giannis D en Egypte.

Il serait intéressant d’établir le “hit parade” des plongées sur épave. Au gré des destinations, des nationalités, des profondeurs et des facilités d’accès on peut citer les plus célèbres. le Britannic, énorme épave coulée par 120m de fond dans les eaux grecques, sister ship du Titanic accessible aujourd’hui par les plongeurs Tek. L’épave du Haven, gigantesque pétrolier coulé lui au large de Portofino, lui même sister ship de l’Amoco Cadiz coulé dans les eaux bretonnes au large de Portsall. L’Empress of Ireland qui sombra à plus de 80 m dans les eaux glaciales du golfe du St Laurent au Canada. L’USS Oriskany CV-34, porte-avions de la classe Essex appartenant à l’US Navy, coulé pour servir de récif artificiel en Floride. Ou l’USS Saratoga, autre porte-avion qui sombra suite au souffle d’une bombe atomique dans l’atoll de Bikini aux Îles Marshall.

Dans des cales du Thistlegorm en Egypte.

les cimetières d’épaves de Truk Lagoon en Micronésie, de Scapa Flow en Ecosse, des îles Calamian à Busuanga aux Philippines, où un grand nombre de navires ont coulé presque bords à bords lors des derniers conflits armés. Mais il faut compter aussi avec les colères de la nature, en particulier l’éruption de la montagne pelée en Martinique qui précipita au fond de la baie de Saint Pierre des centaines d’épaves comme le Tamaya, le Roraima

Et, sans solution de continuité, le Léopoldville en Normandie, les épaves classiques de la mer rouge qui jalonnent les côtes nord d’Egypte, SS Thistlegorm, Giannis D… Les ferrailles de chars d’assaut en Jordanie. Le Salem Express, un ferry qui coula en 1991 après avoir heurté un récif proche de Safaga en Egypte. Le Président Coolidge l’épave mythique du Vanuatu, en bois décoré.

Le Liberty, à Bali…

l’ USAT Liberty à Tulamben, le spot de plongée célèbre au nord-est de Bali. L’ USS Arizona, le mémorial incontournable d’Hawaï coulé par les japonais lors du raid sur Pearl Harbor. Le Yongala, coulé pendant un cyclone en 1911 dans le Queensland en Australie

Des épaves par millions… Certaines coulées à coup de bombes atomiques !

Cimetière d’épaves dans le triangle des Bermudes…

Les Bermudes dont le fameux triangle a avalé beaucoup de navires dont beaucoup restent à découvrir. Le Donator en France, dans le Var. Et tout proche le Togo… Et les avions, la célèbre épave de l’avion de Saint-Exupéry dans les calanques de Marseille, le B17 de la baie de Calvi, et bien sûr les sous marins, le Rubis au Cap Camarat, l’Alose, renfloué depuis, ou encore l’U 171 à Lorient en Bretagne…

Sans oublier bien sûr l’eau douce : celle des grands lacs américains, l’épave du France dans le lac d’Annecy, l’hirondelle du Léman 

Dessert

Juin 1929. Le Commandatore Giovanni Quaglia avec l’or de l’épave.

Les renflouements d’épaves sont sans doute aussi vieux que les navires eux-mêmes. Les premiers plongeurs phéniciens, les “urinatores” avaient cette fonction. Car, bien sûr et avant tout les épaves sont synonymes de trésors. Ils sont innombrables ceux, historiques ou sonnant et trébuchant, à avoir été remontés des entrailles des vaisseaux coulés.

L’histoire a retenu les fructueuses opérations de renflouement menées sur l’Egypt par l’équipe de l’Artiglio

Le scaphandre rigide utilisé à bord de l’Artiglio pour le renflouement du trésor de l’Egypt.

Le paquebot de 7941 tonnes avait appareillé de Tillbury le 19 Mai 1922 à destination de Marseille et Bombay avec à son bord 44 passagers et 294 membres d’équipage et surtout une chambre forte avec un chargement d’or et d’argent estimé à 1 054 000 £ de l’époque, soit une somme considérable. A la suite d’une collision malheureuse avec un autre navire, dans le brouillard, l’Egypt coula à 20 miles du phare d’Ar Men en Bretagne.

En Juin 1929, la société italienne SORIMA, spécialisée dans les plongées profondes intervenait à l’île d’Ouessant. L’ expédition dirigée d’une main de fer par le Commandatore Giovanni Quaglia enregistrait rapidement un premier succès en retrouvant l’épave à 120 mètres de profondeur.

Il fallut ensuite près de 10 ans, à cause des conditions climatiques hostiles pour que de valeureux scaphandriers parviennent à découper les coques et se faufiler jusqu’au trésor convoité dont ils remontèrent l’essentiel.

Une aventure qui rappelle celle vécue à 260 m de fond en 1981 dans les eaux froides et profondes de la mer de Barents par d’intrépides plongeurs britanniques avec les techniques de plongées profondes à saturation. 5 tonnes d’or récupérées dans les cales de l’épave de l’Edinburgh qui coula en avril 1942.

Une saga magnifiquement racontée dans le livre “l’or de Staline” du regretté Patrick Mouton

Café

Et pour terminer ce tour d’horizon féru voici l’excellent documentaire de Jérôme Espla réalisé sur l’épave du Haven.

Et aussi l’épave de l’USS Kittiwake volontairement sabordée dans vingt mètres d’eau aux îles Caymans pour la plus grande joie des plongeurs loisirs.

G COMME GROTTE

Définition

Nom générique d’une cavité, noyée ou non. Grotte pariétale, d’eau douce, marine, de lave, de glace : la plongée en grotte, dans toute sa variété, est devenue synonyme de plongée-spéléo. 

Synonymes

Caverne | Cavité | Tunnel | Anfractuosité | Auvent | Abri sous roche | Trou | Cave | Cueva | Höhle…

Entrée

Entrée de grotte sous-marine au Yucatán – Mexique.

Cette grotte est soit emplie d’eau douce, rivière souterraine noyée sous pression, sujette à courants ou, dans le cas qui nous intéresse, d’eau de mer, siège cette fois du ressac, une autre forme alternative et salée du courant… Quoi de plus basique qu’une “grotte” ? Nous savons tous qu’il y a parfois anguille sous roche et même, le plus souvent (c’est un des berceaux de l’humanité) abri sous roche. La vallée de la Dordogne compte quantité de ces “abris”, surplombs formés le long des rivières lors d’anciens niveaux fluviaux, de développements souvent modestes, leur intérêt spéléologique étant inversement proportionnel à leur intérêt archéologique. Car nos grands pères vivaient dans ces abris, protégeant leurs arrières, avec vue sur l’horizon. Les premiers taggeurs sévissaient d’ailleurs dans les grottes… Mais laissons là ces “grottelettes” et autres chantoirs des terrains calcaires, ces antres, ces gouffres, ces abîmes, ces sources, fontaines et autres réseaux noyés, terrain de jeu des spéléonautes pour d’autres grottes mieux connues des nuées de plongeurs “en mer” : les grottes marines, emplies d’eau de mer, qui s’ouvrent souvent à ras de l’eau, dans le flanc de nos massifs côtiers. Mais parfois aussi en profondeur, comme la célébrissime grotte Cosquer

Alcyonaires au fond d’une grotte du platier à Careless Reef – Hurghada. Egypte.

Tout dépend en effet de leurs origines ou, pour faire savant, de leur spéléogénèse. Soit il s’agit d’anciennes grottes “karstiques” creusées par l’action de l’eau douce, puis exondées, puis enfin noyées d’eau de mer lors de la remontée de celle-ci aux dernières déglaciations (+ 150m en Méditerranée) comme par exemple la grotte Cosquer sus-citée mais aussi la grotte des Trémies des calanques de Cassis, ou les grottes marines du Capo Caccia de Sardaigne, dont l’exploration fut racontée dans mon livre Narcoses. Ainsi en est-il également des trous bleus aux Bahamas ou au Bélize, ou des cénotes du Mexique re-noyés souvent, eux, d’eau douce superficielle.

Plat

Soit ce sont d’authentiques grottes marines, creusées par la mer sur le littoral, souvent à la faveur d’une faille dans la roche. Ce qui explique qu’elles sont souvent de forme assez simple et de faible dévellopement, raison de leur succès chez les plongeurs autonomes qui apprécient leur apparente “facilité” tout en goûtant un peu le frisson de la plongée tellurique. Une entrée donnant sur un court tunnel suivi souvent d’une remontée à l’air libre ou d’une traversée : presque chaque site de plongée du monde possède “sa” grotte, abondamment fréquentée, hélas avec le matériel de plongée “standard”, qui est dans la plupart des cas largement sous évalué et “accidentogène” même et surtout guidé par le “propriétaire” des lieux qui la connait “par coeur”…

En effet, toute plongée “sous plafond” ne devrait être entreprise que par des plongeurs ayant reçu une initiation et une formation à la plongée souterraine, avec un matériel adapté (redondance des sources d’air et de lumière, entre autres) et des techniques spécifiques (gestion du stock d’air, utilisation du fil guide, progression sans visibilité). L’apparente simplicité de la topographie de ces grottes cache bien souvent des pièges qui peuvent être mortels.

Dans les canyons de corail de l’île Rodrigues.

Cette topographie dépend en effet surtout de la roche où elles sont établies. Dans le granite, comme aux Lavezzi en Corse ou sur la côte nord de la Bretagne par exemple, ce sont souvent des chaos de blocs et d’énormes galets déterminant dans leur empilement de courts tunnels et des traversées qu’il est plaisant de fréquenter.

On connait d’autres grottes marines dans le schiste, qui se développent jusqu’à un cul de sac, souvent en ligne droite dans le prolongement d’une faille inclinée comme à Morgat, en Bretagne. Idem à ras des côtes calcaires où s’exerce la force érosive de la mer toujours recommencée. On connait aussi ces grottes dans les grès, comme ceux du Trayas des côtes méditerranéennes, et même dans le conglomérat, dont les grottes qui traversent le massif de l’aigle à Figuerolles près de La Ciotat, comme l’antre de Gaméou (voir la vidéo) sont un bon exemple de complexité.

Dans les grottes de corail des Fury Shoals en Mer Rouge.

On en trouve aussi dans le basalte comme la grotte de Buracona sur l’île de Sal au Cap Vert, tunnel de lave refroidi et ennoyé d’eau salée.  Mais aussi et surtout au sein des massifs coralliens, empilements sur des épaisseurs considérables d’êtres vivants qui se transformeront plus tard en roche calcaire, corail qui ménage souvent des canyons et des grottes fantastiques parfois de très grande taille et de dévellopement respectable comme dans les platiers de l’île Rodrigues dans l’Océan Indien où dans les massifs fleuris des Fury Shoals en Mer Rouge…

Fracassés sur les parois

En dehors des imprudences classiques commises dans ces grottes marines faussement débonnaires il est des dangers auxquels on ne pense pas forcément. Le profil de la plongée d’abord, aboutissant souvent en surface dans quelque cloche décorée et interdisant parfois le retour, comme nous l’expliquions dans l’article sur la manœuvre du Valsalva. Mais aussi la houle et le ressac, genre de courants auxquels on est bien peu préparés sous terre…

Australie du sud. Nous plongeons au bord de la terre, depuis un platier de coralligène qui donne directement sur le bleu profond du Pacifique. Un tombant vertical et scoriacé qui se retrouvera émergé par la marée à la fin de la plongée, formant sur des kilomètres une falaise de plusieurs mètres, noire, coupante et dégoulinante, pratiquement infranchissable. Mais ceci est une autre histoire… Pour le moment nous nageons de guingois, de gauche à droite, au gré de l’enroulement des grandes algues avant que le mouvement s’inverse. Rouge profond, vert fluorescent, tous les bruns, mousses végétales de toutes formes et toutes couleurs où se cachent tant d’espèces que nous n’avions jamais vues : “blue devil”, genre de mérou bleu tacheté de violet à l’entrée de son trou ; gueule carrée des requins “Port Jackson” ; mimétisme et camouflage des “Wobbeegong sharks” à la robe de cachemire, serpentant sur le sable coquillier au milieu des coquilles Saint-Jacques oranges et des ormeaux noirs.

Vers la fin de la plongée nous repérons dans la falaise engloutie la bouche noire d’une grotte tentatrice et nous y engageons sans hésiter. Il reste de l’air. Juste ce qu’il faut pour une petite reconnaissance en respectant les réserves de sécurité. Je tire un fil nouveau entre les parois scoriacées, dans le bleu qui noircit. Le sol est une rivière de sable blanc, striée de dunes. Des boules d’algues rouges, détachées, y flottent d’avant en arrière, métronomes silencieux. Nous suivons le conduit sur la gauche, puis il vire à droite, diminuant de moitié de taille… Protégés par la grotte, nous ne ressentons plus cette houle génante qui nous baladait tellement à l’extérieur. Et soudain, c’est comme un coup de canon : nous sommes précipités en avant, rebondissants sur les parois, culbutés sur des mètres au milieu des volutes de sable tandis que la pression sur les tympans devient insupportable. La tête tourne, j’ai lâché le dévidoir…  Et nous repartons dans l’autre sens, nous cramponnant comme nous pouvons pour éviter d’autres dégâts avant une autre détonation et tout recommence. Avons nous recoupé une autre galerie où l’océan s’engouffre en furie ? L’effet Venturi dû au rétrécissement du conduit y est-il pour quelque-chose ? Plus probablement il s’agit de vagues scélérates cachées dans cette longue houle du Pacifique, venues terminer leur course dans cette cavité où nous nous sommes imprudemment engagés…

La place nous manque ici pour expliquer comment nous avons réussi à échapper au piège ; tout au plus emprunterons nous la célèbre formule des feuilletonistes du 19ème siècle (dont le héros se retrouvait enchaîné, menotté, noyé sous cent pieds d’eau et de glace dans une caisse pleine de serpents venimeux… avant “la suite au prochain numéro”) : “Quand nous nous fûmes tirés de ce mauvais pas… nous continuâmes nos aventures, comme si de rien n’était”. Blague à part, ce problème des coups de houle dans les grottes marines est à prendre très au sérieux et il a déjà coûté la vie à plusieurs plongeurs engagés dans des grottes sous-marines en Californie et qu’on a retrouvés fracassés sur les parois du conduit…

Dessert

La grotte bleue de Capri (Italie). Aquarelle de Jakob Alt (1835).

Presque toutes nos côtes et calanques possèdent leur “grotte bleue”. En Espagne, en Grèce, en Sardaigne et jusqu’en Nouvelle Calédonie, elles enchantent leurs aventureux visiteurs. Aussi est-il bien difficile de définir “la plus belle” ou “la plus connue”. Quant aux premières explorations je ne serais pas surpris qu’elle remonte aux néanderthaliens voire bien avant, tant l’homme a le virus de l’exploration chevillé au corps. La plus célèbre en tous cas et qui a traversé et inspiré l’histoire est la fameuse grotte bleue de l’île italienne de Capri (non, ce n’est pas fini…)

Elle fut utilisée comme piscine privée et temple marin par l’empereur Tibère de la Rome antique dès 27 avant Jesus Christ. A cette époque elle était décorée de statues et sertie de banquettes de repos. C’est en 1964 qu’on a retrouvé sous les eaux turquoises trois statues de dieux marins romains : des Neptunes et Tritons exposées au musée d’Anacapri. Mais il reste à en découvrir au moins quatre puisqu’en 2009 on a mis à jour sept socles des dites statues… Elle a été décrite d’abord par Pline l’ancien puis fut redécouverte et exploitée pour le public en 1826 et rencontra aussitôt un vif succès. On y entrait en barque par un bas soupirail qui débouchait dans une nef bleue faseyante de soleil refroidi. Lieu romantique qui inspira les peintres, les musiciens et même les écrivains : Le grand Mark Twain lui même visita la grotte en 1869 et le raconta dans son livre “Le voyage des innocents”…

 Café

Bel exemple de grotte marine : la traversée de l’antre de Gaméou dans la calanque de Figuerolles à La Ciotat : c’est à côté ! Enfin, tout dépend d’où on part…

Et puis, bonus, comme son nom l’indique. Parce qu’on aime les grottes. Et les femmes. Ou l’inverse. Ou les deux. Bref ! 

H COMME… HÉLIUM

Définition

Gaz hilarant inventé pour doubler Donald Duck au cinéma.

Synonymes

Ce gaz est tellement léger qu’il n’a pas de synonymes ! | Symbole : He.

Entrée

En dehors de son utilisation anecdotique en plongée profonde et recycleur, l’hélium sert surtout à gonfler les ballons et à faire rire enfants et moins jeunes en respirant l’hélium pour produire la fameuse voix de canard. Internet regorge de ces recettes désopilantes mais qui ne sont pas sans danger. Trois respirations d’hélium pur conduisent, dans le meilleur des cas, à une syncope brutale. Gare à la chute !

Certains n’ont même rien trouvé de mieux que d’inhaler directement l’hélium à partir des bouteilles haute pression ! De quoi ressembler rapidement au dirigeable Hindenburg… Inutile de dire qu’en raison du fort débit et de la pression, cela peut produire un barotraumatisme qui déchire le tissu pulmonaire et peut être fatal. Cependant ces accidents sont assez rares, puisqu’on ne compte que deux décès entre 2000 et 2004 aux États-Unis.

Plat

Pour ma part, j’ai utilisé l’hélium en plongée dès le milieu des années 80, à pied, à cheval ou en Zodiac. Rapidement soutenu par la société suédoise AGA, qui me finançait et me fournissait gaz et expertise, j’ai pu ainsi expérimenter toutes sortes de mélanges et repousser mes limites en plongée souterraine. Pensez-donc : avant cette époque, je dépassais plusieurs fois les – 100m à l’air comprimé, ce qui, vous en conviendrez, n’était pas très sain… L’occasion d’utiliser les tables de décompression de l’US Navy au-delà des mythiques “300 feet” pour apprendre, 10 ans plus tard, que ces tables n’étaient que le produit d’équations empiriques, jamais testées sous l’eau !… Moment d’apnée; parfum de caisson

Mais, en matière d’héliox et de trimix (dont j’avais appris l’élaboration avec des corailleurs en Sardaigne), je ne m’attendais pas au combat nasal qui allait venir. Je m’explique. Je reçu un jour un coup de fil du professeur Abitbol, chirurgien laser et chercheur investi dans le programme spatial français, qui me posa d’emblée cette question incongrue : “Est-ce que vous pouvez chanter avec une caméra dans le nez ?”

Est-ce que vous pouvez chanter avec une caméra dans le nez ?

Ayant la réputation de n’avoir pas froid aux yeux, je ne voyais pas ce qui pouvait déconner avec mon nez et répondit affirmativement, sans une hésitation. C’est ainsi que je me retrouvait sanglé dans un fauteuil, plusieurs endoscopes dans le groin focalisés sur les cordes vocales, des capteurs partout, un détendeur en bouche avec juste ce qu’il faut d’héliox pour me maintenir en vie… Et là, sous l’oeil des caméras, on vous dit : “Chantez Frères Jacques”… Nan, laissez, ça va passer… Il paraît que le traumatisme disparaît au bout de 30 ans…

Au cours de cette expérience que j’appellerais plus tard “Les voix de l’extrême”,  en compagnie de l’imitateur Yves Lecocq, du chanteur Pierre Bachelet et d’autres orfèvres de la voix, nous avons testé différents mélanges d’héliox et exploré les modifications au niveau des cordes vocales. Celles-ci, projetées en plein écran, ces trucs gluants qui bougent et sont pourtant à vous : c’est dégueulasse ! Je reconnais que, bien sûr, quand les nerfs ont lâché, dans le laboratoire c’était plutôt “la danse des canards au caisson“…

Dessert

C’est le physiologiste américain Thompson qui propose le premier l’utilisation de l’hélium en plongée en 1919. Compte tenu du coût très élevé à cette période (près de 90 000 $/m3), personne n’envisageait d’en acheter. L’US Navy conduit tout de même à bord de l’USS Falcon une série de plongées dont au moins une à -30 m au mélange heliox. Mais l’histoire a surtout retenu une plongée autonome en décembre 1937 dans le lac Michigan. Avec un casque de sa conception, Max Gene Nohl, un étudiant du MIT (Mets tes chaussettes Institute of Technology) descendit en autonomie à – 128m.

C’est aujourd’hui le plongeur marseillais Théo Mavrostos qui a atteint la plus grande profondeur au mélange hydreliox : – 701 mètres. Il a obtenu ce record au cours de la campagne de plongée qui s’est déroulée dans le cadre de l’expérience COMEX Hydra 10.

Café

L’ expérience Hydra 10 de la Comex et le record de profondeur de Théo Mavrostomos.

I COMME ILE

Une île perdue au large de Moalbal, elle-même île de l’archipel des Philippines…

Définition

Petit lopin de terre entouré d’eau, plus ou moins hérissé de cocotiers, qui pointe le bout de son nez en pleine mer au gré des glaciations. Haut-lieu de la pratique de la plongée sous-marine : on part “dans les îles” !
Synonymes
Ile | Thila | Motu | Sec | Ilet | Ilot

Entrée

Toutes ces îles du monde…

A l’instar de Cendrars, on a tous une île dans la tête. Un diamant des Caraïbes, un trésor à la Stevenson… Belle île en mer, château d’If ou îles du Frioul, les sept îles… Oui, on se rappelle tous de ces nages maladroites pour aborder en conquérants un modeste caillou bordant la côte ; îles aux trésors, ceux des souvenirs lointains de l’enfance.

Mais de quelles îles parle-t-on ? Thila aux Maldives, Motu en Polynésie, Sec en Méditerranée ? Poussière d’îles piquées sur toutes les mers du monde où affleurantes en récifs à naufrage : tout dépend bien sûr en premier lieu du niveau des eaux, éminemment fluctuant au cours de l’histoire de la Terre. N’allait-on pas jadis à pied en Angleterre ? Quand le Planier n’était qu’un relief dans la plaine à mammouths devant ce qui deviendrait Marseille ? Tout comme l’entrée de la grotte Cosquer qui se retrouve aujourd’hui à moins 36 m sous l’eau des calanques.

Ainsi, le Dogger bank de la Mer du Nord était une terre émergée tout comme, au delà du détroit de Gibraltar à 15 km au nord du cap Spartel sur la côte marocaine, le banc Majuán qui se trouve aujourd’hui à 56 m sous la surface de l’océan Atlantique. Cette probable Atlantide disparut il y a 12 000 ans après le dernier maximum glaciaire. Les hommes de la préhistoire ont en effet vécu ces fluctuations des niveaux marins et vu des océans 150 m plus bas qu’ils ne le sont aujourd’hui. Suivis par les grecs, les celtes, les romains et tant d’autres… Autant d’époques et de peuples bien connus pour leur expansion industrielle anarchique et leurs émissions sauvages de “gaz à effet de serre”…

Praslin aux Seychelles : la carte postale des îles !

îles ou continents ?

l’île sous-marine d’Abu Saiel au large de Port Ghalib en Egypte avec Wonderful Dive.

Mais d’ailleurs où finissent les continents et où commencent les îles ? Nous reviendrons sur ce problème cornélien en fin d’article. Îles géantes comme Madagascar, l’Australie, la Nouvelle Zélande, l’AngleterreBornéo ? Ou les moyennes comme l’IslandeZanzibar, l’île d’Yeu, les Galapagos ? SicileMalteLampedusa… ?

Ou encore les îlots insignifiants, les secs du large à peine visibles qui sont pourtant des sites de plongée de choix : Layang LayangSipadanCanariesMalpelo et tous ces atolls de Polynésie (atoll étant d’ailleurs un des rares mots de la langue française provenant du divehi des Maldives) ?

Hôtels cramponnés sur les atolls des Maldives.

Des îles à plonger, par milliers, hier, demain, aujourd’hui ? Les BahamasLa RéunionMauriceRodrigues, le Cap vertSao Tome et Principe, les îles Médes ; ou les poussières de jungle plantées sur leurs reflets des Raja Ampat, de Palau, des Salomon… Et que dire des Philippines et leurs 7000 îles ?

Encore aurait-il fallu parler, dans cette énumération qui nous fait voyager dans les climats, les odeurs, les paysages, les souvenirs, encore aurait-il fallu parler des îles d’eau douce serties de nénuphars, échouées au milieu des rivières, des lacs, des sources…

En fait, tous les sites de plongée réputés et proposés aujourd’hui dans les catalogues des Tours Opérateurs spécialisés sont des îles !

Plat

Archipel englouti de Sataya – Mer rouge sud.

C’est généralement à ce moment que, dans les définitions précédentes, je me laissais aller à la narration égotique de quelques anecdotes personnelles issues de ma (vaste) expérience. Il n’en sera rien ici. D’abord parce que des aventures dans “les îles”, j’en ai vécues trop. Ensuite, parce que je ne peux choisir : il ne faut vexer personne.

A la place, je livre à votre sagacité ces éléments de réflexion qui changeront à jamais votre façon de voir le monde. Si, si ! A lire avec la main gauche sur le front en rongeant l’index droit. Ou l’inverse.

Une question de taille

Je pose ça là : à partir de quelle superficie, de quel périmètre, de quelle “longueur” de sa côte une île est-elle considérée continent ? Question simple, et pourtant… Tout dépend du mode de mesure ; je m’explique. Et il faut bien parler maintenant de ce qui constitue une formidable imposture enseignée pourtant sur les bancs de l’école concernant la fameuse “longueur” des cours d’eau, des côtes, comme je l’écrivais dans ce docte article...

C’est une question d’échelle. Vu d’avion, en effet, il est facile d’évaluer et de comparer la taille des îles, “au doigt mouillé”. Quand on redescend, par exemple à taille humaine, muni d’un “mètre souple”, il est en principe possible d’arpenter une côte et d’en calculer le périmètre. Mais qu’en est-il à une échelle encore plus petite ? Celle du poisson ? De l’alevin, d’une bactérie ? Faudra-t-il suivre les reliefs compliqués autour de chaque grain de sable ? Et obtenir des valeurs démentielles, de plus en plus grandes ? Car plus la taille de l’arpenteur diminue, plus la précision de la mesure augmente, tout comme sa valeur, celle-ci tendant même vers l’infini lorsque la résolution de l’instrument de mesure s’approche elle d’une singularité proche du zéro. Un paradoxe bien connu pour un autre phénomène en cosmologie… Voilà, c’est fini, vous pouvez respirer. Et relire…

En fait, ce problème de la “longueur des côtes” est fondamental et à l’origine de la géométrie fractale découverte par Benoît Mandelbrot. En effet cette dimension n’est pas entière (2, 3 ou plus) mais fractionnaire ; elle est… fractale ! Mais cette diablerie dépasse le cadre de ce petit article.

Dessert

Plongées dans les îles n’est pas nouveau. On se souvient des incursions de Jacques Stevens aux Comores, avec ses “Voyages dans l’abîme”. Des pérégrinations des pionniers Lotte et Hans Hass, qui réalisent dès 1939, avec Jörg Böhler et Alfred von Wurzian, une expédition de huit mois aux îles de Curaçao et Bonaire et le tout premier film sous-marin (en couleurs !), ou encore des premières fouilles archéologiques sous-marines au pied de l’îlot du Grand Congloué des calanques marseillaises par l’Equipe Cousteau.

Ces îles qui déjà constituaient la panacée des premiers explorateurs du monde sous-marin, sans doute par le mystère qu’elles suscitaient parfois – Galapagos – Cocos… ne cesseront plus d’offrir leurs rivages, leurs tombants aux pionniers devenus au fil du temps touristes palmés, pressés de vivre et de se souvenir de leurs aventures et découvertes dans l’envers des îles. Et vous ? Quelle est votre île au trésor ?

 

 

Ce n’est qu’un au revoir…

A très bientôt pour une nouvelle définition du Scuba Bécédaire (en fait non : les 26 lettres de notre alphabet sont désormais en ligne !) le lexique irrévérencieux de la plongée, mais pas seulement. Parce que des fois…

Café

Parmi toutes ces îles où l’on plonge, j’ai choisi pour finir un court extrait de notre film Septentrion, de la série Carnets d’Expédition, tourné en Islande dans l’eau à 1°C de la faille de Silfra. Dans les profondeurs d’une île, entre deux mondes…

J COMME JAUNE

Plongée “vintage” au Grand Congloué dans les îles de Marseille. Christian Jeanrond en noir et jaune, bien sûr !

Définition

Avec le noir, le jaune est incontestablement la couleur de la plongée. Popularisée par l’équipe Cousteau, les bouteilles étaient et sont souvent toujours jaunes. Sur les coutures des premières combinaisons néoprène, les bandes jaunes étaient la règle !
Synonymes
Traffic Yellow | Jaunâtre | Citron | Verkeersgeel | Verkehrsgelb | Giallo traffico | Amarillo tráfico

Entrée

Dans le sud, l’exploration du grand bleu est souvent associée au jaune. Une coutume qui s’est répandue à d’autres régions et même au monde entier non sans jeter un certain trouble… Cette couleur est en effet inséparable de la plongée dans l’inconscient collectif à tel point que le film culte “Le grand bleu” aurait du s’appeler le grand jaune, pour plus de vraisemblance.

Tout commence vraiment avec La Spirotechnique qui utilisait pour la peinture de ses blocs un jaune Pantone 116C (de code hexadecimal #f7b500), ce qui donne en RAL Classic (le système européen le plus célèbre et le plus répandu de correspondance de couleurs pour la peinture, les revêtements et les plastiques) le “jaune signalisation 1023”. On est précis ou on ne l’est pas…

Plongée “Vintage” dans la zone interdite du Grand Congloué à Marseille.

Ces fameuses bouteilles jaunes qui font aujourd’hui le bonheur des adeptes de la plongée vintage. Ceux là même qui pratiquent des plongées “souvenir” dans les hauts lieux de l’exploration au cours de rigoureux cérémoniels auprès desquels les gesticulations des modernes druides de Stonehenge paraissent bien sectaires… 

Plongée Vintage à Canet en Roussillon. Vieux matériel, vrai savoir-faire.

Le reste de l’équipement a lui aussi subi la marée jaune. Même aujourd’hui le détendeur de secours de l’octopus est souvent de couleur jaune. Côté vêtements la révolution fluo des années 90 et en particulier  l’apparition du jaune est venue (forcément) des asiatiques. De la marque TUSA en particulier, particulièrement bigarrée et originale. Lycras, jersey jaunes, néoprènes jaunes. Palmes, masques, tubas jaunes. Bouées et parachutes jaunes ! Fièvre, jaune (non, ça c’est autre chose).

Lamantin de Floride.

N’oublions pas le scaphandre rigide Newsuit de Phil Nuytten utilisé par la Marine Nationale et jusqu’aux premiers propulseurs de plongée locoplongeur de Premeco, Apollo…

Et bien sur les “yellow submarines” : La plupart des sous-marins “de poche” et artisanaux et même notre national Nautile !

Des poissons jaunes !

Triptérygion delaisi

Ainsi, quand on se met à y faire attention, le jaune est partout sous les eaux. Jusqu’aux espèces animales : minuscules tryptérygion de nos rivages méditerranéens, lieus (faussement) jaunes de Bretagne (car il y a aussi des lieus noirs), poissons papillons…

Mais aussi invertébrés, éponges tubulaires safranées, crinoïdes monocolores, coraux exotiques et autres anémones, sabelles et axinelles…

On connait même un site de plongée dit du Sec Jaune consistant en un rocher remontant jusqu’à la surface. La partie immergée est couverte de corail jaune, ce qui donne le nom de ce site fameux situé derrière la Pointe au Sel sur l’île de la Réunion.

Plat

Une couleur à faire rêver ? Pour sûr… Enfants, simples chasseurs apnéistes limités à la capacité de nos poumons ; petits assassins de poissons plats munis de nos courtes arbalètes à flèches trident, nous n’avions que des bandes jaunes sur les coutures du pantalon et des épaules en guise de galons. Et nous rêvions à ces bouteilles jaunes des films de Cousteau, les passeports de l’exploration sous-marine, la vraie. Un jour…

Franchir la ligne jaune !

Ce jour est venu. Enfin. Suivi de tant d’autres. Et j’en ai eu beaucoup et utilisé de ces bouteilles jaunes tant convoitées ; et des suivantes, poncées, décapées, relookées, repeintes : des noires, des rouges, des blanches, des vertes et des pas mures, mais ceci est une autre histoire…

Dessert

“Bi” 3,2 m3 de deuxième génération : une sortie “INT”, un robinet métallique à se bousiller les doigts, cerclages noirs, tringle de réserve, sanglages “Dumas” au taux de pourrissement constant : toute une époque !

Alors : pourquoi cette couleur est elle si répandue dans les équipements de plongée ?

Sans doute historiquement pour sa supposée visibilité sous l’eau où, comme chacun sait, les couleurs vives sont rapidement absorbées par le filtre bleu aquatique. Le rouge est ainsi perdu à partir de 3 m, l’orange à 5 m, le jaune à 10 m, le vert à 25 m. Tout le monde a constaté par exemple qu’à -20 m le sang apparait vert, les gorgones “rouges” d’un beau bleu alors que le jaune (qui en fait est vert) continue de flamboyer fort bas.

C’est dans les années quarante que Jacques Yves Cousteau et l’ingénieur de l’Air Liquide Emile Gagnan “inventent” (après Georges Commeinhes) et popularisent la plongée autonome, utilisant pour la première fois des bouteilles peintes en jaune. Dans les systèmes antérieurs (le “Poumondeau” par exemple) les bouteilles étaient bleues…

La bouteille de plongée est par ailleurs plus ancienne, inventée en 1839 par les canadiens James Elliot et Alexander McAvity. Les premières, fabriquées par Michelin, étaient gonflées à la pression ridicule de 150 bars et souvent bien moins, si bien que ces bouteilles étaient groupées par trois, avec les robinetteries en bas, pour constituer les premiers scaphandres d’exploration avec un détendeur “mistral”, afin de disposer d’une autonomie suffisante.

Café

Et pour notre séquence “gnan gnan”, quand on tape “plongée jaune” sur YouTube on n’obtient que des films sur le “sec jaune” de La Réunion. Dont acte. Voici donc celui que je vous propose. Son à fond ! Les sacs à vomi (jaunes) sont sous votre siège…

Et bien sûr…

K COMME KILO

Tout corps plongé dans un liquide a parfois un gros bide !

Définition

Couler comme un plomb : voilà qui semble être le maître mot de la plongée tant le destin de tout corps vêtu de néoprène plongé dans un liquide est de remonter. Grande est donc la tentation de lester de plombs le dit corps pour enfin pouvoir couler ; et donc plonger.
Synonymes
Kilogramme | Kg | Kilos | Poids | Lest | Plombs | Ceinture de plombs

Entrée

Un lestage efficace doit permettre d’être stable dans toutes les positions.

Plus que deux lettres ! Quand j’ai entrepris la rédaction de ce “scubabécédaire” fort de ses 26 lettres de l’alphabet français je ne me doutais pas de la difficulté de l’exercice et du temps qu’il me faudrait pour le parachever. Mais j’approche de la fin de l’opus et cela m’ôte un grand poids.

Du plomb dans la tête

K… C’est vrai qu’avec un tel sujet, il est facile d’en faire des kilos. Je veux parler cette fois-ci de l’unité de mesure du poids, le kilo. Qui indique la valeur du lest, sous forme de plombs que les plongeurs sont obligés de trimballer autour de la taille ; et souvent en trop grand nombre – rappelons qu’un bon plongeur est un vieux plongeur et qu’il doit avoir plus de plomb dans la tête qu’à la ceinture…

Il faut donc se lester pour pratiquer la plongée. Pour plusieurs raisons. D’abord, pour compenser la flottabilité de la combinaison néoprène (et plus encore d’un vêtement sec gonflé) qui se comporte comme une véritable bouée. En effet, en principe, un plongeur nu n’a pas besoin de se lester pour descendre et séjourner au fond. Mais ça caille !

Ensuite, par rapport à la salinité de l’eau, plus ou moins dense et qui modifie grandement la flottabilité : en eaux douces on enlève facilement 2 ou 3 kg à la ceinture alors qu’en Mer Rouge (très salée) mon presque quintal nécessite 12 kg pour daigner évoluer dans l’eau claire…

Quand on souffle, on coule !

Enfin, la capacité de nos poumons ! Les gens en bonne santé disposent en moyenne d’une capacité pulmonaire de 4 à 5 litres mais certains apnéistes (qui ne manquent pas d’air) affichent un thorax gonflé à 10 où 12 litres ! Ce qui, mathématiquement, représente tout de même de 4 à 12 litres d’air entre l’inspiration et l’expiration et donc, depuis qu’Archimède a pris son bain, équivaut à 12 kg déplacés.

C’est ce qu’on appelle le “poumon ballast“, technique que les (vieux) et bons plongeurs connaissent parfaitement pour s’équilibrer : quand on souffle, on coule ; quand on gonfle ses poumons, on monte. Mais soufflez, nom d’une pipe ! Vous allez vous exploser les alvéoles. Ce n’est pas une rubrique sur le pneumothorax…

Enfin, un dernier facteur auquel on ne pense pas toujours : le poids du gaz emporté et respiré (1,293 g par litre d’air !) ce qui se chiffre vite en kilos ! Tout débutant a fait l’expérience de se retrouver trop léger en fin de plongée et de ne pouvoir tenir le palier avec une bouteille presque vide. Heureusement, l’instructeur bonhomme sortira alors de sa poche quelques plombs excédentaires, dans un condescendant geste de magicien…

Plat

Un bon lestage, c’est plonger “dans un fauteuil” !

C’est ainsi que lors de nos plongées souterraines de longue durée, pour ballaster le vêtement étanche gonflé et les énormes quantité de gaz emportées, le lest à prévoir dépassait allègrement dix kilos…

Raison, pour laquelle nous remplacions le plus possible les plombs par des batteries d’éclairage cadmium/nickel ou au plomb (!) – d’un poids d’une enclume à l’époque, comme nous l’expliquions dans l’article sur le Lumen

Plomber l’ambiance

Bien sûr il aurait été stupide de trimballer des plombs quand on a prévu une plongée nécessitant une longue et pénible marche d’approche. Je veux parler des plongées lointaines des siphons au bout de grottes interminables ou en fond de gouffres où encore dans les lacs d’altitude. Dans ce cas on utilisait avec plus ou moins de bonheur des dalles de pierre récoltés sur place, fixées sur les bouteilles et dans des sacs de ceinture. En raison de la relativement faible densité de la pierre, il en fallait beaucoup, ce qui nous faisait ressembler à des larves “porte bois ” de phryganes…

Nous avons procédé ainsi pour l’exploration des siphons terminaux du gouffre de Padirac ou pour les plongées dans le Lago Verde dans les Alpes italiennes où pour les même raisons d’allègement, nous avions décidé de nous immerger avec des combinaisons humides de 3mm… dans l’eau à 5 degrés ! Mes testicules s’en souviennent encore.

Dessert

Lourd, c’est lourd !

Alors ? Quand et comment a-t-on procédé pour alourdir les plongeurs qui, dès qu’il étaient habillés de caoutchouc, ludionnaient comme les bouchons de liège des pêcheurs, sans espoir de couler jamais  ?

L’histoire l’a oublié. Mais très vite, les premiers scaphandriers à casque (accessoire de cuivre et laiton pour éprouver la claustrophobie) se sont munis d’un lourd pectoral de plomb et de chaussures à semelle du même métal pour pouvoir descendre et littéralement marcher sous l’eau, ce qui est l’origine de leur sobriquet “pieds lourds“.

Une histoire leste

Le largage rapide : c’est coton !

Ensuite, pour les “plongeurs autonomes” sont apparues les “ceintures” où l’on enfilait le nombre de plombs d’un kilo nécessaires. Elles étaient fabriquées en coton tressé blanc avec une bande rouge et une bouclerie de “largage rapide”.

On plongeait en effet à l’époque avec le fantasme d’avoir un jour ou l’autre à “larguer sa ceinture” – ce qui, soit dit en passant, ne m’est jamais arrivé en cinquante ans de plongée. Toujours est-il qu’à l’entraînement, lors d’un “largage”, on se retrouvait régulièrement avec la lourde ceinture coincée derrière les genoux où derrière les talons fracturés, irrémédiablement entraînés vers le fond…

La ceinture “marseillaise”.

Ces plombs qui déformés avec le temps pinçaient tellement la ceinture qu’il était presque impossible de modifier leur nombre ou leur position. Et on se souvient tous des longues séances de martelage au tournevis ou au ciseau à bois pour essayer d’écarter les orifices ! De quoi plomber l’ambiance…

Dans le même temps, certains irréductibles utilisaient la “ceinture marseillaise”, faisant fi de tout “largage rapide” au profit d’une boucle classique avec ardillon, version surdimensionnée de la ceinture de pantalon.

Ces “marseillais” passaient souvent pour des fadas même si la ceinture de gros caoutchouc noir trouée avait tendance à mieux tenir au corps.

Ceinture la plus répandue aujourd’hui : avec boucle – pince.

Aujourd’hui, pour les inconditionnels de la ceinture de plomb, on utilise une fermeture à pince, en métal ou en plastique qui permet de l’ajuster au mieux à son tour de taille. Il faut toujours serrer comme un sourd lors de l’équipement car, avec l’écrasement du vêtement sous la pression, on a tendance à se retrouver avec la ceinture aux genoux.

C’est dans la poche !

Stab avec “poches à plombs”.

Mais la vraie révolution du siècle, que dis-je, des siècles des siècles, c’est l’avènement dans les stabilizing jackets des fameuses “poches à plombs”. Car, dans leur pathétique tendance à réinventer l’eau chaude, les fabricants ont introduit depuis des années les “poches à plombs” censées rendre obsolètes les ceintures et faciliter le lestage. Une solution à base de clips, de poches, de velcro et de ratons laveurs, désespérément différente d’un fabricant à l’autre et qui n’a pas mes faveurs, vous vous en doutez. D’ailleurs, en plongeant récemment en Egypte avec une “Instructrice d’instructeurs PADI” qui affichait plusieurs milliers de plongées, je constatais avec plaisir qu’elle aussi utilisait une ceinture…

Le principe est de rendre solidaire le lestage du gilet et donc du scaphandre. Avec de mon point de vue des désavantages majeurs : rien de plus facile en effet que de perdre semblables poches à plomb qu’on ne sait pas trop où ranger sans parler du diplôme d’ingénieur système nécessaire pour espérer comprendre comment s’en servir…

Alors, vous pourrez pratiquer un académique saut droit et, aussitôt entré dans l’eau, perdre les poches lestées qui fileront droit vers les calvities des collègues déjà sur le fond… Mais l’inconvénient majeur à mon sens est relatif au centre de gravité du plongeur. On a tout intérêt à porter les poids le plus près du corps possible pour garder une bonne mobilité ; or, l’usage de ces poches (avant, arrière, vaches, cochons…) déséquilibre totalement le plongeur, transformant ces gilets déjà obèses en ascenseurs inamovibles !

plombs de cheville remplis avec des billes de plomb, bien pratique pour compenser la trop grande légèreté des palmes utilisées avec un vêtement sec.

A très bientôt pour une nouvelle définition du Scuba Bécédaire. Le lexique irrévérencieux de la plongée, mais pas seulement. Parce que des fois…

Café

Et enfin, le problème cornélien : calculer au mieux son lestage ! Explications par l’incontournable Vincent Defossez d’Aquadomia à Marseille.

L COMME LUMEN

Dans l’archipel des Tonga avec René Heusey et son assistant lumière sur le tournage d’un des épisodes de la série “Carnets d’Expédition”. A l’époque (il y a à peine 10 ans) il s’agissait des révolutionnaires et “tous nouveaux” éclairages HDMI !

Définition

Sous l’eau, la vue c’est la vie, nous l’avons déjà dit. Mais dans le noir des profondeurs et plus encore dans le noir absolu des cavernes, l’usage de la lumière artificielle est nécessaire. Quoi de plus banal qu’une lampe de plongée ? Et pourtant…
Synonymes
Eclairage | Lumière | Puissance | Watt | Candela | Bougie

Entrée

Je vais vous parler d’un monde que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître : celui de l’éclairage sous-marin, en ces époques héroïques où on n’y voyait goutte…

Redondance oblige, on emmenait plusieurs de ces sources d’éclairage pour pallier à d’éventuelles mais très fréquentes pannes qui, sous terre, auraient été fatale. Avec l’autonomie en air respiré, la puissance et la durée de nos éclairages était en effet fondamentale. Il faut avoir progressé quelques temps, la main sur le fil, dans l’obscurité totale d’une galerie noyée pour comprendre ce que je veux dire… La puissance, on n’en parlait pas tant elle était ridicule (des ampoules à incandescence alimentées par des piles !) et comme tout le monde était logé à la même enseigne, seul comptait le nombre de lampes utilisées ensemble. Ce n’est qu’avec la généralisation des ampoules halogènes qu’on a commencé à comparer les puissances exprimées en “Watts”.

Lux fiat

Dans les grottes de glace du lac de Tignes avec un phare halogène de 50 W…

Une valeur trompeuse puisque l’unité Watt (W) – d’après l’ingénieur James Watt – mesure la puissance P d’un composant électrique. Mais c’était utilisé comme standard pour deux mesures jusqu’alors proportionnelles : La consommation électrique de l’ampoule et donc la puissance de son éclairement lumineux. Sachant que ces ampoules avaient un rendement déplorable et qu’une grande partie de la puissance utilisée était dispersée en chaleur. C’était comme çà…

Puisqu’on nage dans les unités, il faut aussi évoquer le Lumen, le Candela, le Lux, sans parler du “foot candle“, “candle power” et autres “pied bougie” des anglo-saxons qui décidément font tout à l’envers…

Le Lumen indique la quantité de rayonnement visible à l’œil nu par seconde. C’est la norme actuelle des éclairage “LED”. Alors que le Candela englobe la quantité de lumière émise pour une direction quelconque. C’est une unité de mesure utilisée pour représenter une quantité d’éclairage, soit une intensité lumineuse. On dit parfois que le Candela est l’équivalent de l’intensité de lumière émise par une chandelle. C’est vrai, mais pas assez précis : de quel type de chandelle parle-t-on ? Pour quelle longueur de mèche, quelle type de cire ? Rien à cirer ? Moi non plus. On n’y comprends rien ? Je suis d’accord. De plus, Candela n’a rien à voir avec la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice qui, elle, était spécialisée dans les éclairages médiatiques…

A Cuba, avec un phare “Subatec” halogène de 250 W…

Le Lux (Lx) est une unité de mesure plutôt utilisée pour les sources de lumière artificielles. Elle est directement en rapport avec la perception physiologique que l’on a de la lumière. Elle permet de quantifier la quantité de lumière visible reçue sur une surface donnée. 1 Lux = 1 Lumen sur une surface de 1 m². Ainsi dans les publicités de panneaux solaire pour lesquels la puissance fournie dépend de la quantité de lumière perçue. Cette unité peut aussi en effet être utilisée pour déterminer la valeur du rayonnement solaire global. La mesure d’un éclairement en Lux est réalisée par un Luxmètre, dont l’élément de détection est une photodiode avec la sensibilité spectrale semblable à celle de l’oeil humain “moyen”. Ca, c’est fait !

Lors d’une assez courte période de transition, les ampoules halogènes furent détrônées et remplacées par les ampoules HDMI plus fragiles et précieuses que le diamant sans en avoir sa résistance et qu’il fallait transporter à nos risques et périls, en dehors des phares, sécurité aérienne oblige…

Big Blue

On a alors vu apparaître une nouvelle génération d’éclairages sous-marin à base de diode “LED”. Considérées de prime abord comme des gadgets ou des jouets pour adulte, cette technologie a fini par accoucher de monstres de puissance pour des autonomies démentielles, la consommation de ce type de “lampe” étant jusqu’à dix fois moins importante que celle des ampoules à “incandescence” ou “halogène” avec un bien meilleur rendement, générant par exemple beaucoup moins de chaleur ce qui les rend utilisables en dehors de l’eau. Les phares halogènes de jadis, du poids d’une enclume, disposaient en effet également de la fonction “grille pain”…

Pour se faire une idée de l’équivalent en Watt de ces petits monstres, il suffit de diviser le nombre de lumens annoncés par 10. Ainsi, les petites amulettes BigBlue que j’ai en test en ce moment, qui affichent une puissance de 15000 lumens, représentent une équivalence halogène de 1500 W soit deux antiques et énormes phares Subatec associés ensembles, tels que ceux que nous emmenions pour tourner quelques séquences du film “l’Eau Noire” dans les siphons géants de Cocklebiddy Cave en Australie… L’impression de trimballer, à tous points de vue, un radiateur en fonte.

Quant à l’autonomie disponible aujourd’hui, ce n’est simplement pas comparable… Les minutes sont devenues des heures. Sans parler de la température de couleur (plus ou moins chaude) et de l’angle d’éclairement (pinceau large, pinceau étroit…) autant de facteurs qui influent grandement sur la “puissance” et l’autonomie finale de la lampe… Ces éclairages BigBlue sont importés en France par Custom Diving Systems de l’ami Yannig Charles.

Plat

Comme nous l’avons vu, bien avant l’arrivée des phares halogènes, nous ne disposions pour explorer les siphons que de chiches lampes à piles d’à peine quelques watts, notament l’emblématique “Aquaflash” jaune qui s’allumait en vissant sa tête sur un pas de vis noyé de graisse silicone. Opération compliquée voire impossible en profondeur à cause de la pression. Nous emmenions pourtant à minima un casque avec deux de ces lampes allumées, et une autre éteinte, en secours, fixée à l’avant bras.

Clignotants lumignons

Quatre lampes “Aquaflash” sur casque…

C’est dans cet accoutrement que j’ai plongé pendant 9h 30 et atteint le terminus du Trou Madame dans le Lot. Sauf que cela faisait des centaines de mètres que j’avais du renoncer à l’usage d’une de mes lampes frontales qui s’était éteinte (un des coutumiers “faux contacts”) et voilà que la deuxième se mettait à clignoter, selon la position de ma tête, tandis que j’inventoriais l’empilement de briquettes de roches noires de la trémie terminale du siphon 9…

Je pourrais remplir des livres de ces conquêtes sur l’obscurité, seulement armés de ces “lampes de poche” à piles, mouvantes lueurs dans la nuit éternelle. Encore aurait-il fallu raconter la fois où mon frère Eric, me croisant à moins soixante mètres dans les puits du grand goul de Tourne en Ardèche pendant ma pointe à -97 m à l’air, m’avait signifié avec son doigt vrillé sur le casque que j’étais fou : je remontais, collé à la paroi, dans l’improbable luminosité orange des filaments de mes frontales, signe certain d’accus déchargés !

Dessert

Norbert Casteret devant le siphon de la grotte de Montespan.

Les premiers siphons ont été franchi (en 1922) par Norbert Casteret qui plongeait nu et dans le noir complet, dans les eaux à huit degrés des grottes pyrénéennes !

Plus tard, il passera les premiers verrous liquides avec des bougies et des allumettes roulées dans un bonnet de bain. On l’imagine aisément, en première, nu et grelottant dans la lueur tremblotante de la bougie mouillée sujette aux courants d’air… Avant de découvrir les fameuses statues d’argile dans la grotte de Montespan.

Enfin, avec son fils Raoul il poursuivra ses incursions sous-marines en utilisant cette fois en guise de fil d’Ariane des branches de saule liées bout à bout. L’éclairage sera constitué d’une lampe électrique allumée enfermée dans un bocal de conserve en verre…

Des lampes à pétrole sous l’eau !

Dans la même veine, les lampes des premiers scaphandriers fonctionnaient à pétrole, suspendues sur le chantier sous-marin de renflouement depuis la surface et reliées à la surface par deux tuyaux, l’un branché sur une petite pompe à air et l’autre permettant l’évacuation des gaz brûlés. Une autre plus petite lampe à pétrole était parfois connectée au régulateur dorsal du scaphandrier pour son alimentation en air comprimé.

C’est en 1865 que Rouquayrol et Denayrouze expérimentent l’énergie électrique pour l’éclairage sous-marin, malgré l’usure rapide des charbons qui servaient à générer un arc éclairant. Mais ils savent que c’est l’avenir… Les premiers modèles voient le jour avec leur robuste look “steampunk”. Par exemple, cette lourde lampe à piles, réalisée en bronze, qui date des années 1950.

Café

Quelques éléments à prendre en compte pour choisir un phare de plongée.

M COMME MASQUE

Casque Siebe & Gorman de plongée professionnelle à l’Ecole Nationale des scaphandriers.

Définition

Comme son nom l’indique, le masque est constitué d’une jupe en silicone ou caoutchouc pour faire étanchéité avec le visage et d’un cadre portant une ou deux vitres, corrigées pour la vue ou non. L’espace d’air ainsi créé devant les yeux permet une vue plus ou moins normale sous l’eau. Quand à la sangle elle sert à tenir le masque en place et, souvent trop serrée chez le débutant, aboutit à ce fameux regard exorbité et ces marques tenaces : “Ah ! Tu as été à la piscine ?”

Synonymes

Lunettes de plongée | Casque | Araignée | 

Entrée

Le masque : l’aquarium inversé dont vous êtes le poisson !

Pas de plongée sérieuse sans masque ! Cet accessoire aujourd’hui banal a été l’aboutissement de mises au point assez chiadées comme expliqué à la fin de cet article, dans la partie “historique” toujours très fouillée…

Si, on peut voir sous l’eau sans masque ! Enfin… Pas trop longtemps.

En effet, “sous l’eau, la vue c’est la vie”. Même si nous avons tous fait l’expérience de plonger sans masque et d’ouvrir les yeux sous l’eau : on y voit, certes, mais flou ! Sans parler des irritations et autres conjonctivites quand l’expérience se prolonge.

Alors bien sûr, on s’est déjà retrouvés les yeux dans l’eau au cours des sadiques entraînements “d’embout – lunettes” et autres arrachages de masques, les yeux plissés façon taupe à tâtonner sur le sol à la recherche du précieux accessoire avant de le remettre en place et de procéder au fameux “vidage de masque”, le b. a.-ba de la technique de plongée.

Le temps justement de procéder au “vidage de masque”, le b. a.-ba de la technique de plongée.

Une opération qui semble un peu magique quand on débute… C’est mouillé mais sec ; c’est sous l’eau mais avec une bulle d’air ; on n’y voyait rien et voilà que c’est le cinémascope !

Il existe un nombre incalculable de masques de plongée. Peu à peu, le caoutchouc noir qui était la règle a cédé la place à des silicones transparents ou opaques de plus ou moins bonne facture en terme de résistance aux intempéries et surtout au soleil. Combien de marins, combien de capitaines ont retrouvé leur masque fondu dans un coin du sac, ayant capturé dans sa gangue morveuse un ordinateur, compas ou autre instrument hors de prix ? 

Plat

Plus personne n’y fait vraiment attention aujourd’hui à cet accessoire encore qu’on entende encore sur les bateaux le piteux “j’ai oublié mon masque !” avant LA plongée décisive sur L’épave… Au pire, c’est la plongée annulée, passée à vomir dans la houle pendant que les copains photographient LE Mola-Mola géant. Pour ma part, j’ai toujours rangé le masque dans le chausson de la palme : une bonne protection et il n’est plus possible de l’oublier.

En cas de casse ou de perte sous l’eau, c’est la remontée assistée, dans le flou mais tout droit vers le haut. Mais il n’en va pas de même chez les spéléonautes pour qui la perte d’un masque, ce qui a plus de chance d’arriver sous terre, est un drame qu’ils peuvent payer de leur vie. Aussi ont-ils pris l’habitude d’y appliquer le principe de redondance et d’en emporter deux. J’avais l’habitude d’emporter mon deuxième masque, de petit volume, dans la “trousse de secours” à la ceinture ou dans la poche de cuisse ; mais certains portent un autre masque directement sanglé sur le casque, entre les lampes, regardant vers l’avant ou l’arrière. Troublante ubiquité pour tenter de prévoir l’avenir…

Plongeur philippin muni de lunettes de plongée en bois.

C’est dans une île perdue des Philippines que j’ai rencontré, lors d’un tournage d’un épisode des “Carnets de Plongée”, les Tagbanuas, peuple de pêcheurs qui chassaient sous l’eau avec des “palmes” rondes en bois et des lunettes de plongée du même métal. Et des vitres récupérées sur des flacons de plastique ou taillées dans des fonds de bouteille de verre !

Comment l’ensemble parvenait à être étanche reste pour moi un mystère mais force est de constater qu’ils chassaient profond, longtemps et faisaient mouche à chaque coup de leur “arbalète” archaïque dont la seule description risquerait d’entacher le bon fonctionnement…

Il existe d’autres façons de voir sous l’eau qui étendent ce concept du masque : cet aquarium dont vous êtes le poisson ! Je veux parler des casques qui étaient d’ailleurs bien antérieurs. Depuis les casques de bronze et de cuivre munis de quatre hublots plans jusqu’aux casques lourds des scaphandriers professionnels d’aujourd’hui, munis de tout le confort moderne…

Plongée en “bulle Lama” sous les glaces du Torntrask en Laponie suédoise.

Un petit mot sur le casque Lama, un alien du genre constitué d’une seule bulle de methacrylate permettant un angle de vue inégalé. Il se trouve que j’avais fait la connaissance de son inventeur, génial “professeur Tournesol” qui nous en prêta plusieurs modèles pour nos expéditions.

Il faut dire que nous l’utilisions surtout pour son “look” de “Tintin sur la Lune”, pour continuer dans l’univers d’Hergé, et que sa forme hémisphérique rétablissait une vision sous-marine “normale” par rapport au hublot plan des masques qui grossissait et donc rapprochait tout. Si bien qu’au début, lors des tests en piscine, je ratais systématiquement le mur carrelé ou je voulais m’accrocher, celui-ci ayant reculé d’un bon mètre ! 

Quand au masque, c’était le « Super Compensator », toujours fabriqué aujourd’hui à Marseille !

Au début, quand j’ai commencé, ou chez Cousteau, le masque était un large hublot, aquarium inversé ouvert sur la mer et c’était tout ! Le nez au milieu de la figure et en tout cas enfermé dans le masque était inaccessible au doigts des “touche à tout” et l’équilibrage des oreilles devait être maîtrisé sans cette détestable habitude de se triturer le tarin… Puis sont apparus les systèmes “pince nez”. La pub de l’époque (à retrouver sur le site Beuchat) est délicieusement rétro et je ne résiste pas au plaisir d’en publier un extrait :

« Plongeurs, économisez vos tympans, évitez une surdité prématurée. Pour plonger plus profond, plus vite, un seul masque : Le Compensator. Malgré l’efficacité incontestable du matériel de plongée moderne, un problème d’importance primordiale restait à résoudre : le mal aux oreilles bien connu des plongeurs. En effet, suivant l’état physiologique des sinus, il est malaisé sinon impossible d’équilibrer la pression extérieure de l’eau par une contre-pression intérieure sans l’obturation parfaite des orifices nasals, orientant l’air vers les trompes. La difficulté d’occlusion des narines soumettant les tympans du plongeur à des surpressions prolongées, provoquait des lésions, et des éclatements, entraînant souvent une surdité partielle.

Pour compenser sans difficulté, il fallait obtenir un accès facilitant le pincement de nez, tout en conservant les avantages, d’étanchéité, de visibilité et d’esthétique du masque à hublot elliptique incliné. La société Beuchat tenant compte de ces principes a réalisé le masque panoramique Compensator comportant deux bossages de part et d’autre du nez, étudiés de manière à permettre un pincement aisé et efficace. De plus au cours des plongées en eaux froides, le nez ne se trouve pas enfermé dans une cellule réfrigérante au contact des parois de caoutchouc glacé, mais enveloppé d’air comme dans tous les masques à hublot elliptique actuels. En pêche libre, comme en scaphandre autonome, les plongeurs chevronnés et débutants peuvent grâce au « Compensator », augmenter rapidement leurs capacités sous-marines en plongeant plus profond, plus vite, sans souffrance ni fatigue inutile de leurs tympans ».

Ayant toujours été un adepte de la béance tubaire volontaire, je n’ai jamais eu besoin de ces évents pour compenser les tympans mais, je le reconnais, dans les prémices adolescents de ces premières immersions, se boucher le nez de cette façon, qu’est ce que ça faisait « pro » !

Dessert

Alors qui a inventé le premier masque ? On trouve encore mention ici et là des écrits d’Aristote et de savants arabes qui rapportaient que jadis les plongeurs descendaient avec une éponge imbibée d’huile d’olive entre les dents ce qui améliorait leur vision sous-marine et faisait office de masque. Sacrés urinatores ! L’explication serait que l’huile relâchée à la descente formerait un film en surface d’un indice de réfraction différent, suffisant pour voir sous l’eau. Une belle fausse interprétation ou une erreur de traduction tenace pour qui a déjà un tant soit peu mis la tête sous l’eau ! Il y faudrait des litres d’huile. Et une éponge de taille rédhibitoire. A part vomir, je ne vois pas…

Commandant Le Prieur – 1920.

De tous temps, les premiers chasseurs sous-marin ont bricolé leurs équipements, arbalètes, palmes et bien sûr masques. En bois, en chambre à air, intégraux ou binoculaires, munis de vitres de vision fixées avec plus ou moins de bonheur… L’histoire a gardé l’invention des “lunettes Fernez” mises au point par l’industriel Maurice Fernez vers 1915. Ce dernier ira plus loin en fabricant un appareil respiratoire destiné aux pêcheurs d’éponges et de corail en Méditerranée. Juste un pince-nez et un embout buccal rattaché sous l’eau au tuyau du pompage manuel d’air en surface, et qui laisse une grande mobilité aux plongeurs, puisqu’il est dépourvu du casque et de l’encombrante combinaison des scaphandres Rouquayrol-Denayrouze

Le commandant Yves Le Prieur testant son scaphandre avec masque intégral à l’Aquarium du Trocadero. 1934.

C’est lors de l’Exposition industrielle et technique de 1925 à Paris que le commandant de la Marine Yves Paul Gaston Le Prieur découvre l’engin et qu’il a l’idée d’y adapter une bouteille d’air comprimé. Les deux hommes s’associent et fabriquent un engin qui permet d’être à la fois libre sous l’eau et indépendant de la surface. Le scaphandre autonome Fernez – Le Prieur est breveté en 1926. 

Le Prieur en fera la démonstration lui-même en 1934 en plongeant dans l’aquarium du Trocadero. Il fallait ouvrir la bouteille “à la demande” et l’air arrivait dans un masque intégral, l’excédant s’échappant par la jupe… 

Le masque d’Alec Kramarenko avec ses poires d’équilibrage…

Peu après le russe Alec Kramarenko déposait un brevet pour un masque avec un tube respiratoire à valve interdisant l’entrée d’eau dans le tube, l’ancêtre du tuba. Deux poires situées sur la partie supérieure du masque permettaient d’éviter le placage sur le visage en profondeur et donnaient à l’ensemble un “look” de Mickey inoubliable….

Plongeur de l’U.S. Navy portant un masque intégral Lambertsen (1944).

C’est en 1939 que le docteur Christian James Lambertsen, en charge du dévellopement de recycleurs pour les plongeurs de l’US Navy et des Coast Guards, dessina un appareil de plongée à oxygène pur top secret baptisé SCUBA (pour Self-Contained Underwater Oxygen Breathing Apparatus) et qui incluait un masque facial. Il n’était utilisable qu’à faible profondeur en raison de la toxicité de l’oxygène sous pression mais c’était suffisant pour ces premiers plongeurs de combat… 

Café

Et si le coeur vous en dit, une petite plongée vintage avec la russe Olga Levitskaya, les yeux en face des trous…

N COMME NARGUILE

Définition

Tuyau plus ou moins long fournissant des gaz respiratoires à un plongeur au travail et relié à l’autre extrémité en surface, au choix et selon les moyens, à une réserve de gaz comprimé, une pompe actionnée manuellement ou un compresseur d’air plus ou moins enrichi d’huile brûlée. 

Synonymes

Narguilé | Hookah | Chicha | Calumet | Pipe à eau. Encore que dans ces derniers cas, les synonymes n’aient rien à voir avec la plongée qui nous occupe mais plutôt avec l’emphysème, le cancer du poumon et autres extases glougloutantes…

Entrée

Historiquement, le narguilé était donc le nom que les scaphandriers donnaient au tube qui les reliait à la surface et qui leur fournissait l’air dont ils avaient besoin pour respirer sous l’eau. Du moins tant que les préposés à la pompe continuaient de pomper avec régularité, justement. Coup de pompe naturellement interdit. 

Plongeur relié à la tourelle par un narguilé. Ecole Nationale des Scaphandriers.

Bien après l’époque des scaphandriers pied lourd, ce concept fut généralisé et employé par d’autres générations d’hommes sous la mer, notament par les scaphandriers professionnels (eh oui, ils gardèrent le nom) qui ne portent sur le dos que des bouteilles de faible capacité en secours, leur permettant tout juste de regagner leur tourelle sous pression, étant reliés à celle-ci par un câble de vie appelé également ombilical et qui amène souvent aussi, en plus des gaz respiratoires, le chauffage, l’eau chaude, le téléphone et tout le confort moderne. Il en va de même des pêcheurs “des mers du sud”, de perles et autres éponges, en Indonésie, aux Philippines, dans les Emirats Arabes, en Polynésie, principalement pour des raisons d’économie : un masque en général intégral, des palmes bricolées et le fameux tuyau amenant en débit continu au plongeur l’air d’un poussif compresseur pétaradant sur la pirogue.

De même sur l’Amazone, me racontait le regretté Stéphane qui fit partie de notre équipe et qui fut chercheur d’or au Brésil, plongeant à plus de 20 mètres dans la boue du fleuve, sans visibilité, maniant à tâtons la suceuse dans le courant, relié à la barge comme des dizaines d’autres plongeurs par un fragile tuyau. Tout l’art consistait à ne pas coincer l’ombilical dans une épave d’arbre, un rocher et à éviter de se faire trancher le tuyau par un collègue jaloux ou mal luné. “Tous les mois il y en avait qui ne remontaient pas”…

Plat

Bouteille de secours dorsale utilisée en cas de panne du narghilé.

Il fallait bien que nous y passions aussi, au narghilé… Dans ces années quatre vingt, nos incursions dans les eaux de la terre devenaient de plus en plus lointaines et profondes, occasionnant dans la vasque d’entrée des paliers de décompression qui se comptaient en heures. Il fallait agir. J’avais pris rendez-vous avec Jean-Claude Lepechon qui mettait au point les tables de décompression pour les plongeurs de la DORIS, une grande société de plongée offshore d’alors, établie sur les berges de la Seine. C’est lui qui m’apprit comment réduire drastiquement la durée des paliers en respirant de l’oxygène pur à 3 m, 6 m et au delà…

Sous réserve de disposer d’un “narguilé d’oxygène pur”. Nous nous étions donc procuré une bouteille acier de vingt litres d’oxygène médical munie de son détendeur avec ses deux manomètres en oreille de Mickey, relié à 20 mètres de tuyau armé pour résister à la pression et aux pliures, au bout duquel nous avions monté un deuxième étage de détendeur Comex dûment dégraissé. Ainsi se passaient désormais nos paliers dans la saveur hospitalière de l’oxygène pur et l’insouciance de la jeunesse…

La langue bien pendue

Je ne sais plus qui attira mon attention sur la nécessité absolue de placer un clapet anti retour entre le deuxième étage et l’extrémité du tuyau immergé. En effet, en cas de déclampage intempestif ou rupture du tuyau en surface, la dépression aurait été suffisante pour nous arracher la langue et ce qui suit, le tout remontant dans le tuyau. On connaissait des accidents de ce type, du temps des scaphandriers. Le fameux “coup de ventouse” qui réduisait le plongeur à une bouillie rosâtre dans son casque, les pieds à la hauteur du cou, mais ceci est une autre histoire…

Beaucoup plus tard, un narguilé beaucoup plus orthodoxe, branché sur une bouteille restée en surface fut utilisé pour explorer une galerie dans les catacombes de Paris. Des conduits tellement étroits que même la taille des bouteilles de plongée devenait un problème. C’est en effet dans les passages étroits que la technique du narghilé prend tout son sens. Et ceci me rappelle une anecdote lors de mes tous débuts où nous faisions partie d’un club parisien, au sein de ce qu’il faut bien appeler une équipe de fous furieux. Avec un palmarès élogieux correspondant à la prise de risques consentis. Assoiffé de “première” l’un d’entre nous s’était attaqué au réseau noyé d’Yport dans la craie de Normandie. Au fond du puits de captage, la galerie naturelle noyée, tapissée de rognons de silex noirs et acérés et ressemblant à une “peau de hérisson retournée” était tellement petite qu’elle permettait tout juste le passage d’un corps de plongeur sans bouteilles. Ces dernières étaient tractées grâce à une corde, derrière les palmes, alimentant le plongeur par un narguilé serpentant le long du corps. Quand au dévidoir de fil d’Ariane, trop gros, il avait été abandonné, remplacé par un petit fusil sous marin visant le noir. La flèche décochée, il suffisait de suivre ce fil précurseur pour gagner quelques centimètres sur l’inconnu. 

C’est ce même plongeur intrépide qui s’attaqua au terminus de la source de l’Orbiquet dans le Calvados où nous avions mon frère et moi exploré et topographié 400 mètres de galerie noyée. Cette zone terminale devenait étroite et ébouleuse si bien que pour avancer, il fallait dégommer les parois de craie friable à l’aide d’une longue perche. Cette courageuse tentative avait due être abandonnée peu après quand le plongeur de pointe s’était rendu compte qu’il faisait s’effondrer des pans entiers de galerie derrière lui, creusant pour ainsi dire sa propre tombe… C’est dans cette zone qu’a été découverte la suite du réseau, exploré aujourd’hui sur plus de 1200 m au delà d’un dixième siphon par Pierre Eric Deseigne.

Dessert

Scaphandrier moderne avec son casque lourd et son narguilé.

La première utilisation répertoriée du concept de narguilé remonte à l’année 1820 suite à l’invention en Angleterre par les frères Charles et John Deane d’un scaphandre, non pas pour aller sous l’eau mais pour résister aux fumées d’incendie. Une idée qui fut reprise en 1827 par l’ingénieur anglais d’origine allemande Augustus Siebe et transformée dès l’année suivante en scaphandre “pied lourd”, avec le succès que l’on sait.

Des scaphandres qui équipèrent les plongeurs pionniers qui participèrent aux fouilles sous-marines du HMS Royal George, plus grand vaisseau de guerre du monde au moment de son lancement en 1756 et qui coula au cours d’une manœuvre de routine alors qu’il était au mouillage à Portsmouth le 29 août 1782, causant la mort de plus de 800 personnes à bord…

Café

Une vidéo déjà ancienne d’un système de plongée au narguilé alimenté par compresseur de surface. Démonstration par l’inimitable Patrice Vogel, patron du légendaire et regretté magasin marseillais “Au vieux plongeur“.

O COMME ORDINATEUR DE PLONGÉE

Frédéric Swierczynski à -267m au fond du puits terminal dans le siphon 3 de la grotte de la Mescla (Var).

Définition

Petit appareil bourré de capteurs et d’électronique produisant parfois des couinements de musaraigne. Se porte au poignet, sur la console, sur l’embout et bientôt directement dans le masque. Il produit une avalanche de chiffres plus ou moins vitaux qui rassurent les plongeurs sérieux. Les prochains modèles intégreront la 6G, l’abonnement Netflix, le passe sanitaire, le tire bouchon et une fonction grille-pain très attendue…

Synonymes

Décompressimètre | Centrale d’acquisition de données | Bendomatic | Dive computer |

Entrée

Profil type de plongée mémorisé par un ordinateur moderne.

C’est un fait : nous assistons depuis quelques années à la digitalisation progressive de la pratique de la plongée. Numérisation, simulations, mémorisation : nul doute que nous n’aurons bientôt plus besoin de nous mouiller, un casque VR intégral et des gants connectés seront suffisants pour vivre des émotions profondes dans un canapé.

J’ai la chance d’appartenir à la génération qui a connu plusieurs révolutions technologiques majeures. Et au moins deux qui ont constitué un véritable changement de paradigme : l’abandon de “l’analogique” au profit du numérique. Des suites de zéros et de uns qu’on peut dupliquer à l’infini, mémoriser, trifouiller dans tous les sens avec toutes sortes de moulinettes sans forcément perdre l’original. Et il me vient l’analogie du montage vidéo qui, jadis, se faisait au scotch et aux ciseaux : les séquences enlevées rejoignaient les écheveaux de pellicule impressionnée dans la grande poubelle appelée “chutier”. Pas “d’essais-erreurs”, mieux valait savoir quoi et où couper et monteur était un métier.

“L’analogique” fait aujourd’hui figure de fossile même si un certain snobisme fait parfois ressurgir des fantômes du passé : “pellicule photo argentique” et “disques vinyles”… Oui, aujourd’hui tout est numérique. Et même bientôt nos propres vies… Le logo choisit en son temps par Sony pour ses ordinateurs Vaio est d’ailleurs une parfaite et géniale illustration de cette révolution.

Plat

Au début, c’était simple, il n’y avait tout simplement pas d’instruments : en plongée aux éponges, aux perles, à la chasse, la profondeur s’estimait en nuances de bleu et la durée d’immersion à la capacité pulmonaire de chacun. Nous avons raconté dans le billet consacré à l’apnée les exploits du plongeur grec Haggi Statti. La discipline n’avait pas encore été contaminée par le cancer de la compétition avec ses règles, ses épreuves, ses innombrables catégories, ses homologations, ses chiffres à la troisième décimale et autres flatteries pour l’ego…

Au fil du dévellopement de la plongée autonome avec notament l’invention du scaphandre “Cousteau Gagnan“, nous avons ajouté à la panoplie de base d’autres colifichets : montres, profondimètres et tables de décompression. Encore étaient-ils bien souvent réservés aux moniteurs.

Bien plus tard j’ai connu de vieux plongeurs aguerris (on parle de milliers de plongées dans toutes les mers du monde, pas de “petits baigneurs”…) qui dans certains cas se passaient carrément d’instruments : la profondeur, estimée au mètre près, “à l’oeil”, la durée déduite de la pression de la bouteille, la remontée en suivant les petites bulles, et un palier de sécurité d’une “certaine” durée, à l’oreille, dans les six mètres de turquoise striée d’écume et de soleil… Et puis, comme me disait un de ces irréductibles : il y avait toujours un de ces ordinateurs dans la palanquée sur lequel venir loucher…

Décompression à OK corail…

Décompressimètre SOS. Dotation Jean Louis Eugène | Musée Frédéric Dumas.

Quand je plongeais au corail, autour de l’île du taureau dans le sud de la Sardaigne, c’était encore plus simple. Les roches fleuries du fond on les avait repérées au sondeur, à -125m. On y vidait la plus grande partie d’un penta-bloc dorsal de mélange trimix en martelant les branches énormes dont les prix de vente me laissent encore aujourd’hui rêveur.

Il fallait alors lâcher un ballon pour signaler notre position au mousse et au deuxième corailleur prenant la suite et qui descendait déjà, alourdi de pierres.

Deuxième génération du décompressimètre SOS.

Il était alors temps de remonter sans paresse, tirant sur les détendeurs qui durcissaient, en s’aidant de jerrycans plastique de vingt litres tenus fermement par la poignée. Il suffisait alors de l’incliner légèrement pour que le gaz dilaté s’échappe en grosses bulles du fond évidé et ainsi régler la vitesse de remontée. Pas de stab, naturellement : pour quoi faire ? Arrivait alors, jetée depuis la surface, la bi-bouteille d’air de 2×9 litres, dansant comme un phare dans l’eau bleue : On était à moins trente mètres. Echange de scaphandres et les paliers commençaient, relié au pendeur par un simple noeud autoblocant.

On remontait petit à petit, guidé par les douleurs dans les bras, les épaules… Quand ça faisait mal, on redescendait alors un peu pour rester plus longtemps en profondeur avant une nouvelle tentative. Arrivait alors le tuyau d’eau chaude et le narguilé d’oxygène pur qu’on respirait à – 12 mètres pour accélérer un peu tout çà… 

Le mythique ordinateur Aladin.

Mais les décompressimètres analogiques existaient déjà (premiers modèles sortis en 1958 !), constitués d’une porcelaine poreuse qui se déplaçait dans un tube gradué, le tout censé simuler la décompression dans les tissus humains. Ceux de la marque italienne SOS étaient d’ailleurs appelés “bendomatic” aux USA ce qui en disait long sur leur fiabilité. Je crois avoir utilisés tous les modèles successifs et d’ailleurs à profit : ils ne marchaient pas si mal et nous ne nous posions pas trop de questions. En plongée souterraine ils m’ont même permis des explorations impossibles autrement sachant que je plongeais avec deux instruments, rassuré par cette apparente redondance. C’était toujours mieux que le trio montre/profondimètre/tables surtout si, comme je l’ai raconté ailleurs, nous échangions parfois nos montres et profondimètres à mi plongée pour des raisons budgétaires…

Et puis sont apparus les premiers décompressimètres électroniques, bien vite rebaptisés “ordinateurs”. Le Decobrain, d’abord et le Edge (1983), puis l’Aladin (1987), devenu une référence et qui nous a accompagné pendant bien des premières. Et une foultitude de marques différentes (Suunto SME-ML – 1986, Microbrain – 1988…), les différences venant principalement du type d’algorithme utilisé pour les calculs : Bühlman, RGBM, VPM et autres systèmes propriétaires…

Frédéric Swierczynski dans la piscine de la Comex calibre les cellules inertielles installées sur le propulseur Suex pour l’acquisition de données.

Les modèles d’aujourd’hui se sont adaptés aux nouvelles pratiques de la plongée, tenant compte de la consommation de chacun, de la température, des types de gaz successivement respirés, de la pression des différents gaz et de quantité d’autres paramètres dont la complexité ne cesse de croître.

L’informatisation de la plongée est en marche et les spéléonautes modernes les plus en pointe disposent maintenant de véritables ordinateurs avec centrale d’acquisition de données embarqués sur leurs propulseurs et capables d’enregistrer le cheminement et le profil de la plongée à coup de jauges de contrainte, de cellules inertielle et de compas électroniques… Un de mes vieux rêves, réalisé, que celui de la topographie en “temps réel”.

Dessert

Ordinateur de poignet.

Tous ces ordinateurs se portent au poignet ou sont intégrés dans les consoles d’instruments.

Leurs tailles variables ont donné lieu à tous les délires au fil du temps, depuis des écrans géants, couleur, façon télé LCD, à de petits instruments aux boutons minuscules et dorés sur tranche qu’on croirait sortis d’une bijouterie.

Pas un fabricant qui ne propose aujourd’hui son modèle et, à l’instar des stabs, il y en a des centaines sur le marché.

Renvoi des données sur l’embout ; et bientôt dans le masque ?

Nous assistons à une véritable obsession de les faire ressembler le plus possible à des montres, accessoires obsolètes s’il en est depuis l’avènement de l’informatique mais qui font pourtant la fortune de nombre d’horlogers suisses. Comme si ce geste de consulter son poignet faisait désormais partie de notre génome. Quand il ne constitue pas un signe extérieur de richesse… Même Apple a fait une montre ! Connectée, certes mais tout de même…

Bien sûr, avec la généralisation de l’usage des recycleurs, l’informatique est partout avec des renvois dans chaque pièce d’équipement. Certaines données sont même désormais accessibles littéralement sous le nez ! Et bientôt, comme les pilotes d’avion de chasse, seront-ils intégrés directement dans le champ de vision du masque.

Café

L’ ami Vincent Defossez du centre marseillais Aquadomia nous conseille pour choisir un ordinateur de plongée. 

Et récidive avec cette fois le test des ordinateur Shearwater Petrel et Perdrix, parmi les plus populaires en plongée Tek et avec recycleur.

P COMME PARACHUTE

Palier en pleine eau, au parachute, après une plongée dérivante au large de Playa Del Carmen (Mexique).

Définition

Un parachute, en principe, est prévu pour ralentir la chute d’un corps jeté dans l’air. Mais pour les corps plongés dans un liquide, il a fallu que les plongeurs inventent en quelque sorte l’inverse : au début il y avait les bouées collerettes qu’on avait baptisées “parachutes ascensionnels”, puis sont venus les “parachutes de palier”.

Synonymes

Parachute de palier | Ballon de levage | Parachute de relevage | Safety buoy | 

Entrée

Antique meule à grain en granite retrouvée à 29 mètres de profondeur en Bretagne, sans doute utilisée comme ancre par un frêle esquif aujourd’hui disparu…

Parachute de palier ou ballon de levage ? La question se pose car ces baudruches gonflées sous l’eau se ressemblent. L’une pour promener une érection, la plus haute possible, à la surface dansante des eaux afin que le bateau vous repère et accessoirement vous récupère à l’issue de vos paliers ; l’autre, gonflée pour enfler démesurément et, par le “volume déplacé” cher à Archimède, arrache du fond la charge précieuse auquel vous l’avez attaché. Technologie balbutiante à ses débuts et, il faut bien le dire, confusion entretenue par les fabricants qui proposaient des hybrides ventrus qui n’étaient efficaces pour aucun de ces usages. Trop ronds, trop courts pour constituer d’honnêtes parachutes de paliers, de trop petits volumes pour déplacer sous l’eau ou remonter quoique ce soit sérieusement. Quoiqu’il en soit nous nous intéresserons cette fois plus particulièrement aux parachutes de palier.

A la dérive

J’ai toujours considéré que le moment le plus dangereux en plongée était paradoxalement le retour en surface. Rien n’est prévu en effet dans notre équipement pour un long séjour en surface, sans parler du confort. Tout le monde a en mémoire le calvaire de ces plongeurs oubliés, perdus, pris dans les courants et ayant survécu de longs jours à la dérive et dont beaucoup ne furent jamais retrouvés. A Komodo, en Méditerranée… Il est incompréhensible que les plongeurs ne soient toujours pas équipés en standard de balises de détresse comme celles qui équipent les navigateurs, les skieurs de l’extrême et autres randonneurs au long court.

Cours sur l’utilisation du parachute en Egypte…

Toujours est-il que les parachutes de palier ont fait leur apparition et font désormais partie de l’équipement de base. Une enveloppe tubulaire roulée dans son filin, un mousqueton : voilà de quoi faire son palier confortablement surmonté d’un ballon gonflé d’air, en principe repérable. Encore faut-il ne pas s’emmêler les palmes dans le filin qui se tend quand le ballon gonflé file vers la surface ; et ne pas perdre le fil. Bref. Il existe des formations pour cela. Tout s’apprend !

Plat

Relevage d’un canon d’épave en fer, dans les eaux bretonnes de la péninsule de Crozon.

Quand j’ai commencé la plongée, les parachutes de palier n’existaient pas. Nous étions déjà bien heureux de posséder des bouées collerettes qui, à l’issue de la plongée, nous aidaient à maintenir la tête hors de l’eau. Les paliers se faisaient sous l’eau, en sustentation, “à la dure”. Inutile de dire qu’au milieu des creux de quatre mètres habituels à la Manche ou l’Atlantique la visibilité en surface n’était pas le top et la récupération des plongeurs toujours un problème. Suivre les bulles de la palanquée en Zodiac n’était pas un vain mot et c’était même un art, la main crispée sur la barre franche et les yeux rivés sur des murs verts d’eau mousseuse.

Il arrivait aussi qu’on ancre le pneumatique afin que tout le monde puisse plonger. Ce qu’on faisait au compas et à la montre car il s’agissait de retrouver à coup sûr l’ancre au retour, en se déhalant sur les tiges serpentiformes des algues géantes affrontant des courant latéraux de huit noeuds…

Une formation assez “militaire” qui m’a sans douté été utile pour garder mon calme lors des trop nombreuses sorties qui suivirent, quand le bateau n’était pas au rendez-vous. Je ne parle pas des marins maldiviens qui ont toujours su diriger leurs dhonis de coco dans les bulles des plongeurs même à l’issue des plus terrifiantes des plongées dérivantes. La généralisation des parachutes de palier tubulaires, qui se dressent fièrement à près de deux mètres au dessus des vagues est certes un grand progrès pour être repéré mais encore faut-il le voir et que le bateau ne soit pas trop éloigné…

Assis sur l’eau

Avec le regretté Jean Pierre Joncheray, remontée d’un obus sur les épaves des péniches d’Anthéor, non loin de Fréjus.

Atoll de Rangiroa, lors du tournage d’un de nos “Carnets de Plongée“… Nous achevons une plongée profonde à l’autre bout de l’atoll sur le site magnifique “les failles” et ses floralies de corail rose. Les oreilles mises à mal dans des cheminées rocheuses où la houle puissante nous a baladé de bas en haut sur plusieurs mètres dans des nuages d’écume. Palier. Un parachute est envoyé. Nous émergeons. Toute l’équipe de tournage avec caméras, batteries, rampes d’éclairages. Rien. Sur 360°, l’eau lisse comme de l’huile sous un implacable soleil. Où est notre bateau ? Ils sont deux à bord, en principe à nous attendre… Soudain, l’un d’entre nous repère un minuscule navire, presque à l’horizon. Moulinets de bras, cris, sifflets, avertisseurs sonores montés sur les direct-systems, rien n’y fait : comme un mur de silence entre notre palanquée de naufragés devenus sourds et le bateau modèle réduit qui semble s’éloigner encore. Impossible de se rendre à terre, il n’y en a pas ! Si, là d’où l’on vient, à plusieurs heures de bateau du port ! 

En fin de plongée “vintage” commémorative avec le matériel “Cousteau” on sacrifie au moderne parachute. Grand Congloué. Calanques de Marseille.

Nous décapelons nos bouteilles et gonflons les stabs à fond de façon à pouvoir s’assoir dessus, la bouteille sous l’eau faisant office de quille et donnant à l’esquif un semblant de stabilité. Bien sûr les jambes restent dans l’eau mais on ne peut pas tout avoir n’est ce pas ? Nous espérons juste que les requins marteaux ne fréquentent pas les lieux aujourd’hui et devisons calmement, assis sur l’eau, ludionnant comme des bouchons de pêche.

La monitrice, notre guide, en partie responsable du fiasco (l’un des pilotes du bateau est son petit ami) fulmine et sèche à vue d’oeil. Nous attendrons près d’une heure, assis sur nos radeaux de fortune avant que par miracle le bateau nous voit et mette le cap sur nous de toute la puissance de ses moteurs. Les pilotes furent félicités comme il se doit : ces “pieds nickelés” avaient décidé d’aller pêcher à la ligne en nous attendant et le courant avait fait le reste au point de les éloigner irrémédiablement du site de plongée choisi !

Dessert

En ce qui concerne le levage, il existe des ballons énormes, à ce stade on peut même parler de caissons, pour renflouer et arracher au linceul des sédiments des épaves entières. Elinguées soigneusement comme il se doit pour répartir la traction, le risque étant toujours que la coque vénérable ne se brise et saupoudre la mer d’une nouvelle épave émiettée, démoulée trop tôt…

Plongeurs devant un caisson de décompression lors des opérations de renflouement de Pearl Harbor.

Ainsi, peu après l’attaque de Pearl Harbor par les japonais qui coulèrent une partie de la flotte américaine, eu lieu ce qui est considéré aujourd’hui comme la plus grande opération de renflouement de l’histoire. Dès juin 1942 les opérations commencèrent qui durèrent deux ans afin de ramener à la surface 5 épaves de navires de guerre dont le Nevada, le California, le West Virginia, l’Ogala

Grues, treuils, élingues, ballons, caissons : toutes les techniques furent employées au prix de 5000 plongées pour la Navy et des scaphandriers civils qui passèrent 20.000 heures sous l’eau !

Café

Et pour finir, un petit tuto délicieusement kitch de nos amis de l’UCPA à propos de l’usage du parachute de palier.

Et le renflouement et le sauvetage de quelques épaves coulées à Pearl Harbor par le travail assidu des scaphandriers (à 25:00)…

Q COMME QOSEIR

Le camaïeu d’ocres du désert égyptien au couché du soleil.

Définition

Village de la côte sud de la Mer Rouge égyptienne devenue avec le temps l’un des hauts lieux de la pratique de la plongée sous-marine de loisirs.
Synonymes
El Quseir | Al-Qusair | El Qousseir | El Qoseir

Entrée

La raie à pois bleus : l’emblème de la Mer Rouge ?

Inexorablement, dans la rédaction de notre Scubabécédaire, nous en sommes arrivés au Q. Et les ennuis commencent : impossible de trouver un terme plongistique de qualité commençant par le Q ! L’impossible quizz. D’autant que cet article n’est ni le quatrième ni le quinzième et a depuis longtemps dépassé ce quota. Qui, quoi, que, quelle, quand ? Pas la queue (de poisson) d’un. Autant de questions sans réponses et j’entends d’ici vos quolibets. Quasiment au quotidien. Je suis bon pour faire la quête, je vous en donne quittance. Quémander ; quelquefois…

La tête dans le Q !

Ce serait un article sur les quantas, je vous entretiendrais des quarks, des qbits, des cristaux de quartz, de quantification, à la rigueur des quasars. Un papier sur la géographie et voilà le Qatar, les quataris, le Québec, les quechuas, Quito…

Sur un pari sportif : le quarté, ou le quinté, bien sûr ; sur les végans, le quinoa. Mais ce sont là des querelles de clocher.
La vérité est que je suis une quiche ! Je recherche la quintessence mais j’ai beau loucher sur mon clavier Qwerty, la chance m’a quitté, je doute de mon QI, j’ai perdu ma quiétude : tout part en quenouille. La tête dans le Q ! Un coup à se suicider à la quinine. Et, si j’ose écrire, cette histoire de Q commence à me prendre la tête !

Le Rohannou Beach Hotel, l’un des deux centres Wonderful Dive à El Quseir.

Plat

Quoique… Qui sait ? Une fois n’est pas coutume : et si on parlait d’un site de plongée ? Un de ces mots phonétiques d’avant l’arabe, à la mord moi le bédouin ? Un de ces insignifiants villages désertiques que la pratique de la plongée loisir, justement, a fait sortir de l’anonymat, le propulsant dans les premières pages des guides de destinations des tours operator ? Vous brûlez… C’est en Egypte… Qoseir !

Tout le monde connait en effet aujourd’hui ce site de la Mer Rouge qui était déjà fréquenté il y a 5000 ans en pleine période ptolemaïque ; ce port antique de Myos Hormos au débouché du Wadi Hammamat qui traverse le désert égyptien et qui donnait accès aux pharaons, au delà de la Mer Rouge, au mythique pays de Pount et sans doute aux Indes. Oui, des bateaux démontés venus du Nil traversaient le désert jusqu’à la mer, leur image immortalisée parfois en bas reliefs gravés dans les parois calcaires des canyons… El Qoseir est donc situé sur la côte, à 138 km au sud d’Hurghada et à 68 km au nord de Marsa Alam, détails dont tout le monde se fout, mais c’est juste pour dire.

Wonderful dive !

C’est un excellent site de plongée, certes moins connu (et donc moins fréquenté) que les deux hauts lieux cités précédemment mais pour lequel j’ai une tendresse particulière en raison du fait qu’on y trouve l’excellent hôtel Rohanou et le non moins fameux centre de plongée Wonderful Dive administrés sous la houlette, entre autres, du sémillant Olivier Dandois, et pour lesquels j’ai créé le site web. Ca crée des liens…

Mise à l’eau confortable au bout du ponton.

Le confort légendaire de l’hôtel Rohanou qui a su garder taille humaine (oui, c’est de la pub).

Au bout de la jetée : le “house reef”.

Dessert

La Mer Rouge est considérée à juste titre comme l’un des “must” de la plongée et grande est la chance des français de pouvoir s’y tremper au prix d’un court vol et sans presque de décalage horaire. Le tout pour un prix plus que raisonnable. Raison sans doute de la (sur) fréquentation des lieux ?
Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Avant même l’avènement de l’industrie du tourisme plongée, ces lieux étaient déjà fort prisés ; je me souviens, ce n’est pas si vieux, d’Hurghada qui n’était qu’un village de pêcheurs, peuplé de chèvres, point de départ de croisières aventureuses vers les Brothers Islands…

Le “beau gosse” Elie Boissin sur les rivages de la Mer Rouge, à l’époque presque inconnue…

C’était la destination favorite des aventuriers de tous poils. L’histoire a retenu les premiers films de Cousteau à bord de la Calypso, bien sûr, mais il ne faut pas oublier le pionnier Autrichien Hans Haas et sa femme Lotte à bord de leur navire “Tarifa”. Auteurs de plus de 30 livres, ils plongeaient avec des recycleurs oxygène et reçurent le premier prix au Festival de Venise dès 1951 pour leur film “Sous la Mer Rouge”. Ils créèrent ensuite pour la BBC les séries “Diving to Adventure” en 1956 et “The Undersea World of Adventure” en 1958.

On se souvient aussi des reportages d’Yves Gladu et de sa femme dans la revue “Océans”, descendus plonger à bord de leur petite voiture 4L et campant en plein désert sur les rives de la Mer Rouge.

Et comment ne pas citer l’éternel jeune homme Elie Boissin, notre écrivain voyageur de Mazargues à Marseille, l’un des premiers champions d’apnée et chantre de la “plongée libre”, qui arpenta les rives du Sinaï avant nous tous ? Bonne nouvelle : la dernière fois que j’y ai plongé, la Mer Rouge était toujours bleue ! Allez-y et… retournez y !

 

Café

Retour sur le “Monde du Silence” de J.Y Cousteau, film qui reçu la Palme d’Or du documentaire à Cannes en 1956. Images qui ne sont hélas pas partageables ici pour d’obscures raisons (suivre ce lien) mais tournées en grande partie en Mer Rouge. Et, mêmes causes mêmes effets, l’éternelle séquence de “Jojo le mérou” qui fait désormais partie de l’inconscient collectif.

Et pour l’ambiance, quelques images sous-marines parmi tant d’autres, tournées à El Quseir. Mais le mieux, c’est d’y aller !

R COMME RECYCLEUR

Définition

Système respiratoire destiné à l’exploration sous-marine qui recycle le gaz expiré par le plongeur à travers une cartouche filtrante fixant le gaz carbonique et qui devient donc de nouveau respirable, sans pertes intempestives. C’est le scaphandre “écolo” par excellence, qui, si j’ose écrire, ne manque pas d’air…

Synonymes

Scaphandre à circuit fermé | Circuit semi fermé | CCR (closed circuit rebreather) | Rebreather | “Machine” |

Entrée

Frédéric Swierczynski testant l’un de ses nombreux recycleurs.

C’est un fait, une constatation : contre toute attente, les scaphandres recycleurs ont désormais envahi les bateaux de plongée, à raison de dizaines de modèles différents, de modes de fonctionnement et de maintenance, avec leurs centaines de colifichets et écrans clignotants et, pour leurs utilisateurs, autant de formations, compétences et règles de sécurité parfois contradictoires. Dès lors, pour le moniteur, composer une palanquée homogène est devenu la quadrature du cercle. Bien souvent, essoufflé à transporter une 15 litres acier tout en crachant des bulles vers une surface disparue, trop longtemps et trop profond avec à la clé pannes d’air et paliers interminables “en apnée”, on se retrouve à suivre un fantôme qui filoche dans le noir, sans bulles, indifférent au temps passé, à la profondeur et aux futurs paliers… Une tendance qui ne fera que s’accentuer dans le futur tant les avantages des recycleurs sont nombreux par rapport au traditionnel “circuit ouvert” des bouteilles jaunes de papa…

En effet, puisque l’on consomme moins de gaz, la durée de la plongée est considérablement augmentée au prix d’un encombrement équivalent. Hors de l’eau, le matériel est donc beaucoup plus léger. Dans la mesure où on respire des mélanges plus riches en oxygène, les durées de paliers sont diminuées d’autant. L’engin est très silencieux ce qui permet en principe d’approcher la faune de plus près. D’autant que le rejet au gré de la respiration de bulles bruyantes et polluantes (quand on plonge “sous plafond”) est par définition supprimé.

Le poids en surface est souvent divisé par deux : bouteilles minuscules pour une autonomie décuplée…

La notion même de recyclage et la réaction exothermique du gaz passant dans la cartouche de chaux en abandonnant son C02 conduit à respirer un gaz chaud et humide ce qui diminue la déperdition calorique et les risques de gelures de l’équipement ; points particulièrement important lors des plongées en eaux froides ou longues et profondes. La profondeur enfin, accessible beaucoup plus facilement par les changements de mélanges gazeux au cours de la plongée et de la remontée avec toute l’instrumentation électronique destinée à faciliter et raccourcir celle-ci. Aujourd’hui, plus une expédition sur épaves ou d’exploration souterraine n’est envisagée sans l’usage d’un ou plusieurs recycleurs…

Plat

Côté inconvénients, le prix, bien sûr : c’est cher. Très cher. Si, si, plus cher que çà, même… L’entretien, équivalent à celui d’une voiture de luxe ou, dans un autre registre actuellement très controversé et “politiquement incorrect”, l’entretien d’une “danseuse” ou autre cagole de bon aloi. La complexité de l’ensemble enfin qui demande une vraie expertise et en tout cas une formation spécifique. Et payante… 

En effet, on ne plonge plus de la même façon avec des recycleurs qu’en “circuit ouvert”, comme lors des formations d’antan. C’était simple : une bouteille, un détendeur, un masque et des palmes et, à la rigueur, un maillot de bain ! Il n’y a qu’à regarder les sirènes en noir et blanc évoluant en tri-bouteilles dans les eaux méditerranéennes, en regard de la merveilleuse littérature des livres de Philippe Diolé pour en être convaincu. Point de bouées, de gilets, de ceintures de plomb : la flottabilité se réglait à coup de bulles de cristal par la technique de base : le “poumon ballast”. On souffle : on coule ; on respire : on remonte. Simple vous dis-je ! A cette époque, on savait respirer…

Poumons ballast ?

Lago della Vasasca, à 735 m d’altitude, au dessus de la vallée de la Maggia, dans le Tessin suisse.

Or, en recycleur on est équilibré en permanence ; quand les poumons se dégonflent c’est le sac respiratoire qui se gonfle, annulant l’effet : la flottabilité reste nulle. Une sensation déstabilisante qu’il faut apprendre à maîtriser. Pour couler ou stopper une remontée intempestive…

Bien sûr, j’ai eu l’occasion dans le passé de jouer avec plusieurs recycleurs militaires et même participé en Floride, en compagnie de Sheck Exley, aux plongées d’essai du Cis Lunar, un des premiers scaphandres à circuit fermé “civil” inventé par le génial ingénieur et plongeur souterrain Bill Stone. Mais c’est l’usage des Oxygers, scaphandres à oxygène pur des plongeurs de combat en principe limités à -7m, qui m’a fait éprouver pour la première fois la disparition du “poumon ballast”, cette désagréable sensation d’étouffer par “trop d’air” tandis que le corps n’obéit plus…

Un soir d’ivresse nous avions décidé d’aller faire des photos dans le Lago Verde, un écrin d’eau verte fluorescente empli d’arbres immergés de toute beauté, lac d’altitude d’eau transparente et glaciale accessible au prix de 2h 30 de marche dans les montagnes du Piémont italien au dessus de Turin. Vu les conditions d’approche, nous avions renoncé aux ceintures de plombs (remplacées sur site par des pierres placées dans un filet), aux bouteilles auxquelles nous avions substitué deux Oxygers et même aux vêtements étanches malgré l’eau à 5° C. Nous avions opté pour des combinaisons de chasse de 3mm “simple peau” et “près du corps” mais surtout très légères. Inutile de dire que nous nous sommes dévisagés un bon moment, Eric Coutinot et moi, pour savoir qui entrerait dans la glace fondue en premier. L’histoire l’a oublié même si l’opération, réalisée dans un silence presque mortuaire, a pris… un certain temps.

Toujours est-il qu’à un certain moment, les bras encombrés de cameras et de flashs, je dépassais le cimetière d’arbres englouti et me sentis remonter, contre mon gré. Force de l’habitude, je soufflais juste ce qu’il fallait pour retrouver mon équilibre et ma profondeur. Mais que nenni, je montais toujours et sentis mes poumons gonfler plus que de raison : l’air que j’expirais ne faisait que gonfler mon sac respiratoire ventral ! Et inversement. Jusqu’à ce que, in extremis, je pense à chasser le gaz excédentaire par le nez, à travers le masque. Grave mais salvateur manquement à la sacro sainte règle de la “respiration buccale”…

Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de constater que ces “modernes” recycleurs, en passe de rendre obsolètes les classiques bouteilles et détendeurs “Cousteau-Gagnan dans la pratique de la plongée-loisir, sont d’invention considérablement plus ancienne que ces derniers.

Dessert

Marc Langleur et son “Evolution” au Grand Congloué. Avec les bouteilles en circuit ouvert “bail out” en sécurité.

Le principe de la fixation chimique du dioxyde de carbone toxique dans l’air respiré était en effet connu de longue date. Vers 1620, en Angleterre, Cornelius Drebbel fabrique un premier sous-marin à propulsion à rames. Pour oxygéner l’air à l’intérieur, il chauffait du salpêtre (nitrate de potassium) dans une casserole métallique. La chaleur transformait alors le salpêtre en oxyde et en hydroxyde de potassium, qui absorbait le dioxyde de carbone de l’air. Cela  explique pourquoi les hommes de Drebbel n’étaient pas gênés par l’accumulation de dioxyde de carbone. Plus de deux siècles avant les premiers brevets…

Le premier scaphandre recycleur, basé sur l’absorption du dioxyde de carbone, fut breveté en France en 1808 par Sieur Pierre-Marie Touboulic originaire de Brest, un ingénieur-mécanicien dans la marine impériale. Il fonctionnait avec un réservoir d’oxygène commandé par le plongeur et qui circulait en circuit fermé à travers une éponge imbibée d’eau de chaux. Touboulic avait nommé son invention l’Ichtioandre (“homme-poisson”, en grec) mais il n’est pas sûr qu’un prototype ait été fabriqué. Par contre, l’histoire a retenu le nom du français Pierre-Aimable De Saint Simon Sicard, inventeur, chimiste et homme d’affaire qui prit un brevet en 1849 pour un système baptisé “appareil et système chimico sauveur” comprenant en plus de l’appareil de recyclage, un casque avec soupape, un habit de toile ainsi qu’une lampe sous marine. L’appareil était alimenté par deux bouteilles en cuivre contenant 150 litres d’oxygène pur. Une invention suivie en 1853 par celle du professeur T. Schwann en Belgique. Constituée d’un grand réservoir d’oxygène monté à l’arrière avec une pression de travail d’environ 13,3 bars ainsi que deux épurateurs contenant des éponges imbibées de soude caustique…

Le scaphandre à circuit fermé “Fleuss” qui a servi à la plongée dans le tunnel de la Severn…

Mais le premier dispositif en circuit fermé, exploité commercialement, a été conçu et construit en 1878 par l’ingénieur de plongée Henry Fleuss, qui travaillait à l’époque pour Siebe Gorman à Londres. Son appareil de respiration autonome se composait d’un masque en caoutchouc relié à un sac respiratoire, un réservoir de cuivre fournissant un mélange de 50 à 60% d’oxygène. Le CO2 excédentaire était absorbé grâce à du fil de corde trempé dans une solution de potasse caustique (KOH) ; le système permettant en théorie une durée de plongée d’environ trois heures. Fleuss testa son appareil en 1879 en passant une heure submergé dans un réservoir d’eau, et une semaine plus tard, en plongeant à une profondeur de 5,5 m en eau libre…

C’est en 1880 que l’appareil de Fleuss a été utilisé pour la première fois “en vraie grandeur” par le légendaire chef plongeur Alexander Lambert sur le site de construction du tunnel de la rivière Severn en Angleterre. Le tunnel s’étant retrouvé accidentellement submergé, il fallait absolument qu’un homme plonge dans l’eau trouble et parvienne à refermer à son extrémité plusieurs portes d’écluses  !

Lambert a ainsi pu parcourir plus de 300 m à 10 m de profondeur, dans l’obscurité totale et au milieu des débris flottant dans le courant pour réussir la mission ; Les meilleurs scaphandriers traditionnels “pied lourd” avaient du abandonner à cause des forts courants et de la grande distance à parcourir qui mettaient à mal leurs tuyaux d’alimentation en air. De là est sans doute née la triviale expression : avoir les testicules en acier trempé…

Café

Une démonstration des avantages du recycleur par l’ami Vincent Defossez du centre Aquadomia à Marseille. Le recycleur ? Tout le monde va y passer, un jour ou l’autre…

S COMME… SIDEMOUNT

Définition

Plonger avec les bouteilles sur les côtés plutôt que sur le dos. Méthode inventée par les anglais pour emmerder les français.

Synonymes

Montage latéral | Plongée « à l’anglaise »

Entrée

Après nous avoir enfilés la capote (anglaise), force est de constater que les anglais nous en ont encore mis une couche avec la plongée dite “à l’anglaise”. Tout d’abord raillée par les cocoricos dont je faisais partie, cette technique s’est imposée peu à peu par son bon sens. Mais alors, il fallait les voir les angliches à l’époque : sur le chemin des sources, à moitié déculottés par leurs bouteilles qui leur battaient les cuisses. Ri di cu les ! Bon, dans le même temps, nous (les bons plongeurs) on ahanait sur des pentes toujours trop raides, caissons à bout de bras, courbés sous le faix des bouteilles d’aciers pleines de tuyaux et de sangles qui nous déchiraient les épaules. Eh ho ! Eh ho ! Nous allons sous les eaux… Eh ho ! Eh ho ! Enfin, vous voyez le tableau ?

Mais alors, sous l’eau, les rosbiffs, c’étaient des tritons ! A la première étroiture, on avait à peine commencé à batailler avec les sangles pour décapeler ce putain de bibouteille qu’ils étaient déjà passés. Comme des suppositoires entre les fesses fatiguées des maisons de retraite. Lointains, goguenards dans l’émeraude, on n’avait plus que leurs phares pour pleurer.

Mais, en fait, en matière de sports extrêmes, tout semble être une question de sac à dos. Parachutisme, plongée, alpinisme… Nous avons tous cette démarche de petits vieux, écrasés sous la charge. Mais attention à ne pas vous tromper de loisir ! Si vous vous retrouvez dans un avion plein de vent, à 6000 m, avec un recycleur dans le dos, deux 20 l au cul et qu’on vous dit “Go”, il est encore temps de regretter… Il n’y a que le premier pas qui coûte… Non, vous aurez beau faire fuser, ça ne ralentit pas la chute ! Non, non, je vous assure. Quant au chuteur libre qui, au moment d’ouvrir, se rend compte qu’il ne dispose que d’un réchaud, d’un hamac et d’un duvet, le réveil risque d’être difficile… Le grimpeur, ma foi, aura tiré le meilleur numéro : il pourra toujours rejoindre la vallée, sous son sac déployé…

Plat

Force est de constater que, vingt ans plus tard, l’usage du Sidemount s’est généralisé. Nous autres spéléos ne sommes pas surpris : nous avons toujours eu des relais et des bouteilles de déco qui nous pandouillaient à la ceinture. Les recycleux à l’Hélium, c’est pareil, avec tous ces « bail-out ». Sidemount ou pas, on ressemble quand même toujours à une grappe de bouteilles en déplacement.

Dieu sait que j’en ai affronté des passages étroits, horizontaux ou verticaux, déchiquetés d’érosion ou ébouleux, avec ou sans courant, avec ou sans visibilité. A chaque fois, accidents de parcours, en “décapelé”, ce qui n’est pas le plus rationnel, surtout en vêtement étanche, tous ces tuyaux, inflateur d’Argon, etc. Question de culture… Nous avions bien essayé à la Fosse Dionne de Tonnerre un sidemount artisanal, avec un baudrier d’escalade  et deux 7 litres alu mais qui ne nous avait pas convaincu. Il nous manquait tous ces petits slips sanglés de près, toute cette bouclerie parfaitement conçue, qu’on trouve aujourd’hui à tous les coins de rue ! Alors oui, la technique du sidemount est un bonheur qui permet de s’affranchir de presque tous les obstacles et de jouir d’une réelle autonomie nouvelle. Sans compter la gestion des robinetteries, manos et détendeurs qui tombent “sous la main” et devant le regard au lieu de se planquer comme des faux culs derrière votre nuque, hors de portée de votre bras luxé et de vos côtes brisées par l’effort ! Quant à vos yeux : mon Dieu, vos yeux…

Le fax n’était pas encore inventé mais on s’approchait…

Face à certaines étroitures, mon frère et moi faisions nos classes auprès des poissons plats. Carrelets, soles, turbots… Le fax n’était pas encore inventé mais on s’approchait…

Quant au Sidemount, ma foi, il était en quelque sorte inclus, comme sur ce scaphandre testé en Australie et composé d’un dorsal 4×20 litres acier plus 3 x 10 litres (que nous remplacerons peu après par des bouteilles en composite) et 4×15 litres en “sidemount”…

Dessert

Le concept a été développé en Angleterre dès les années 1960 par le spéléo-plongeur Mike Boone lors de l’exploration de la Hardrawkin Pot cave, dans le Yorkshire. L’exiguïté des lieux et l’alternance de passages secs et noyés rendait cette configuration obligatoire. Elle fut ensuite employée avec succès dans les explorations de Wookey Hole, de la rivière Axe

C’est en 1970 qu’un accident survient  à Royal Springs, en Floride. Un plongeur inexpérimenté se noie dans un passage extrêmement étroit. Toutes les tentatives pour récupérer le corps s’avèrent vaines… Même Sheck Exley et Wes Skiles doivent renoncer à cause de leurs scaphandres dorsaux. Sheck a alors l’idée d’une configuration minimaliste, composée d’une seule bouteille au côté, avec Wes en secours, et ils réussissent ! Depuis, ces deux grands explorateurs nous ont quittés, sous les eaux… Nous avions plongé de nombreuses fois ensemble.

En 1977, toujours en Floride, Forrest Wilson et Woody Jasper améliorent le concept avec l’adjonction d’une bouée et de divers systèmes de baudriers. La première configuration commerciale voit le jour en 1995 : Le Transpac de Dive Rite. Au départ, une commande spéciale de Lamar Hires pour une expédition au Japon…

Café

Une belle démonstration de l’utilité de la configuration sidemount en spéléo. Jug Hole, Floride. Vous imaginez tout çà en “décapelé” ? Nan, hein ? 

T COMME THERMOCLINE

Définition

Limite immatérielle entre deux niveaux d’eau de températures différentes, l’un d’indice “elle est bonne”, l’autre d’indice “on se caille les meules”… 

Synonymes

Pycnocline | Halocline

Entrée

Cenote Angelita – Yucatan – Mexique. A -30m, une couche d’eau sulfureuse, opaque, au-dessous de l’eau douce translucide…

En général, quand on est plongeur, on va dans l’eau. Dans l’eau douce, quand on est suisse ou savoyard ou dans l’eau salée, en Manche, en Atlantique, en Méditerranée, en Mer Rouge voire dans d’autres saumures encore plus exotiques… Parfois dans les deux : typiquement les eaux de piscine en hiver et celles de la mer en été. Mais pas que : ce serait trop facile ! Pas dans l’eau douce puis dans l’eau salée mais dans les deux en même temps ! Dans certaines grottes et résurgences marines, dans les cenotes du Yucatàn, il arrive qu’on commence la plongée dans l’eau douce pour la poursuivre dans l’eau salée en franchissant une immatérielle frontière baptisée halocline. La plupart du temps c’est l’eau douce, moins dense, qui se trouve au-dessus de l’eau salée.

Une discrimination basée sur la salinité qu’on retrouve dans un autre phénomène similaire : la thermocline due cette fois à une différence de température, bien connue des plongeurs en lac et qui peut atteindre plusieurs dizaines de degrés. Cette fois, c’est l’eau chaude qui surplombe l’eau froide. Et rien n’empêche d’observer un mélange des deux phénomènes ou de bien plus encore comme je l’ai raconté dans un précédent article.

Plat

La halocline est souvent due aux différences de température de l’eau entre l’été et l’hiver. Les eaux froides, plus denses et peu brassées restant en profondeur. Et donc le plongeur normalement constitué (et vacciné) s’attend toujours à avoir plus froid en descendant. Or c’est exactement le contraire que nous avons rencontré dans un lac de l’île de Palawan aux Philippines : de l’eau de plus en plus chaude, sans doute d’origine volcanique, au fur et à mesure de la descente, comme je l’écrivais dans le livre Narcoses aux éditions Glénat . Sans parler de la grotte de la Mescla dans le Var où, en explorant les eaux karstiques fraîches du siphon 3, j’ai recoupé sous l’eau, loin en amont, une conduite d’eau thermale bouillante…

Mise à l’eau vers l’Almyros de Melissi, dans le golfe de Corinthe à l’aide d’une barque de bois louée aux pêcheurs du lieu.

Mais il existe d’autres situations où c’est de l’eau chaude qui sourd au fond de la mer, comme nous l’avons découvert au début des années 90 lors d’une campagne d’exploration dans le Péloponnèse pour le compte de l’IGME (le BRGM local). Pour l’irrigation, nous cherchions désespérément de l’eau douce dans le golfe de Corinthe. La tradition orale parlait d’un geyser d’eau jaillissant de la mer au pied du Mont Parnasse. Les pêcheurs qui nous indiquèrent le lieu se désolaient de n’y prendre aucun poisson ce qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille : les sources sous-marines qui rendent l’eau saumâtre alentour sont toujours fréquentées par des nuées de muges et autres mulets venus peut-être s’y soigner.

Inventer l’eau chaude

Nous voici au milieu de la tâche d’huile que forme la résurgence à la surface de la mer. Bascule arrière et descente rapide dans le vortex où les eaux se mélangent. A moins 45 m un entonnoir d’éboulis calcaires nappés d’une épaisse couche de boue grisâtre pulvérulente apparaît. Les sorties sont au nombre de quatre réparties sur 30 m2 environ. Elles sont bien visibles grâce à un feston de filaments blancs, colonies de bactéries qui croissent à leur pourtour. La roche à l’intérieur est noire et présente des dépôts jaunes et oranges. Dans l’obscurité salée, c’est une ambiance d’abysses, de fumeurs noirs, de matins du monde…

l’Almyros de Melissi, par moins 45 m, au fond du golfe de Corinthe.

Le courant qui sort d’une diaclase étroite est très chaud, violent, et provoque des aberrations optiques. La présence d’H2S se fait bien sentir et attaque la peau, même à travers le masque. Un sondage permettra de relever une profondeur de 52m pour une température de 30°C. Mais d’eau douce, point. Les analyses chimiques ultérieures montreront au contraire qu’il s’agissait d’une eau plus salée que la mer environnante, très riche en sulfates et dont la faible teneur en tritium attestait de l’ancienneté. 

Je suis resté longtemps devant les volutes de cette eau vénérable troublée de chaleur et de salinité, qui rendait en quelque sorte à la mer, après un long cheminement secret, l’eau perdue dans les gouffres alentour où la mer se vide, les fameux katavothres. Mais ceci est une autre histoire…

Dessert

La notion même de thermocline est apparue brièvement et tardivement pour la première fois en 1942 dans l’ouvrage qui fut la référence de l’océanographie : The Oceans, par Sverdrup, Johnson, and Fleming. On sait depuis que dans les océans, 90 % de l’eau qui se situe au-dessous de la thermocline a une température comprise entre 0 et 3° C. Par ailleurs, les pêcheurs savent bien que la zone située au-dessus de la thermocline s’appelle l’épilimnion, et que celle située dessous est dite hypolimnion. Cette dernière est parfois appauvrie en oxygène, voire anoxique, ce qui la transforme en zone morte. Voilà : vous pouvez repartir avec çà sous le bras… 

La thermocline, tout comme la halocline, est aussi prise en compte par les sous-marins militaires car elle change considérablement les caractéristiques du milieu d’un point de vue sonique. Les sous-marins peuvent alors s’en servir en manœuvrant de l’autre côté de celle-ci, afin de se dissimuler aux sonars adverses. Les canaillous…

Café

Les différentes densités de l’eau présente dans les océans expliquées par l’océanographie.

U comme ultraviolet

Les somptueuses couleurs des coraux qui apparaissent en lumière ultraviolette. Nouvelle Calédonie.

Définition

On nous cache tout, on nous dit rien ! Figurez-vous que la lumière blanche n’est pas blanche mais n’est qu’un cas particulier du rayonnement électromagnétique accessible à nos pauvres yeux et en tous cas composée d’un “spectre” de couleurs continu comme le fameux “arc en ciel”…
Synonymes
UV | Radiation ultraviolette | Ultravioletto | Bioluminescence

Entrée

On sait depuis longtemps que les êtres vivants arborent des couleurs invisibles à nos sens, qui se révèlent sous certains rayonnements en particulier l’ultraviolet : La fluorescence de la chlorophylle des plantes est ainsi bien connue  ;  la première observation (H. Kautsky et A. Hirsch) date de 1931. Certains des pigments fluorescents présents dans les coraux sont des variantes de la protéine fluorescente verte trouvée dans certaines méduses. Roger TsienMartin Chalfie, et Osamu Shimomura, ont été récompensés en 2008 par le prix Nobel de chimie pour la découverte de la protéine fluorescente GFP et son utilisation comme marqueur génétique.

Les incroyables couleurs des coraux en fluorescence. Aquarium de Nouméa – Nouvelle Calédonie.

Mais ce n’est que récemment que des plongeurs noctambules ont eu idée (les petits malins) d’éclairer les fond marins de leurs plongées de nuit avec des lampes UV. Un seul objectif pervers : exciter les protéines fluorescentes ! Et, miracle : devant leurs yeux mouillés de larmes apparurent d’incroyables couleurs… Il devenait ainsi possible de plonger et de photographier au delà du violet pour s’ébattre (en double aveugle) dans les terres inconnues de “l’ultraviolet”. Enfin, inconnues pour nous car nombre d’espèces vivantes, encore une fois, sont capables de voir et de communiquer avec ces lumières “invisibles”.

Il faut bien comprendre que les UV n’éclairent rien : Seuls les coraux fluorescents réagissent à l’excitation du rayonnement ultraviolet et transforment cette énergie invisible en lumière visible, mais de faible intensité. Par exemple, sur 400 W envoyés, seuls quelques Watts lumineux sont restitués. Il faut donc travailler avec de hautes sensibilités (> 800 Iso) et à faible vitesse, bien calé, ce qui rend difficile la photo de sujets en mouvement.

Lumière noire

Filtres “jaunes” et “bleus” pour éclairages et masques.

A coup d’essais / erreurs, des pionniers comme Paul-Henri Adoardi abandonnèrent bientôt l’ultraviolet (trop bronzant pour les espèces vivantes) pour un matériel léger basé sur la lumière bleue. Développant dès 2008 avec les fabricants français Dyron et Bersub des phares à LED 70 W, d’une longueur d’onde spécifique, permettant l’observation de la fluorescence, et la prise de photos numériques, sans être dans l’obscurité totale. Un filtre jaune spécial doit être placé sur l’objectif et un autre du même jaune sur le masque et c’est dans cet accoutrement qu’on peut plonger dans “Avatar”…

C’est aujourd’hui une pratique courante et de nombreux fabricants comme BigBlue proposent leurs solutions pour la plongée et la photo de nuit avec les couples éclairages bleus / filtres jaunes.

Aquarium de Nouméa – Nouvelle Calédonie.

Plat

De même, de nombreuses destinations populaires dans le monde offrent cette activité “plongée fluo” à leurs clients comme à Sharm El Sheik en Mer Rouge, en Indonésie, aux Caraïbes et en fait partout où il y a du corail.

Encore ne faut-il pas se limiter à ces environnements et essayer cette technique dans nos eaux, en Atlantique, en Méditerranée et pourquoi pas en eaux douces pour faire de belles découvertes !

 

J’ai été sensibilisé très tôt à cette histoire de fluorescence sous-marine à la lecture d’un grand livre illustré qui trainait chez moi : Carnaval sous la mer. Le Docteur René Catala, conservateur de l’aquarium de Nouméa en Nouvelle Calédonie y publiait ses découvertes de la fluorescence des coraux, en 1964 !

Raison pour laquelle j’avais décidé de traiter ce sujet dans un de nos “Carnets de Plongée” tourné en Nouvelle Calédonie. C’est ainsi que j’avais pu plonger avec les scientifiques de l’Aquarium et découvrir dans leur laboratoire les merveilleuses couleurs cachées dans différentes espèces de coraux. Et voler quelques images. Un voyage dans le voyage…

Jaunisse en Mer Rouge !

Ma deuxième incursion au pays des Schtroumpfs eu lieu lors de la croisière au nord de l’Egypte, à l’invitation de Serge Calamian de Diving Attitude, à bord de leur somptueux bateau de croisière. Cette nuit là en effet, la mer était constellée de bulles bleues mobiles au centre desquelles s’extasiaient en silence plongeurs et photographes dont on croisait parfois le regard souffrant d’ictère derrière leurs masques filtrés. De quoi rire jaune, en fait, mais je dois reconnaître que les fonds brillaient de lueurs extraterrestres saisissantes et que certains poissons filaient, verts de peur !

Hubert Lacour de Plongimage, en bleu et jaune lors de la croisière au nord de l’Egypte avec Diving Attitude.

Dessert

Spectre !

On sait depuis 1665, suite aux expériences du Jésuite italien Francesco Maria Grimaldi, que la lumière blanche est en fait composée de plusieurs “bandes” de couleurs différentes, ressemblant aux arcs en ciel et autre diffractions de la lumière comme celles qu’on peut admirer dans les chutes d’eau sous un certain angle.

Mais il faudra attendre 1666 et les travaux d’optique de Newton (qui ne recevait pas que des pommes sur la tête) pour la mise en évidence du “spectre” de la lumière blanche diffractée en arc en ciel par un prisme, base de la spectroscopie. Pourtant Newton passera à côté de ce qui semble évident aujourd’hui : l’existence de rayonnement “avant” le rouge et “au delà” du violet. C’est William Herschel qui découvrira l’infrarouge en 1800 et le physicien allemand Johann Wilhelm Ritter, l’ultraviolet en 1801…

A très bientôt pour une nouvelle définition du Scuba Bécédaire. Le lexique irrévérencieux de la plongée, mais pas seulement. Parce que des fois…
Et en fait non puisque ce rayonnant article est le dernier (dans l’ordre de l’écriture) de cette imprudente série. Plus jamais çà, vous m’entendez ? Encore n’ai-je pas choisi l’alphabet Khmer avec ses 74 lettres ! Sans parler du mandarin qui compterait de 10 000 à 60 000 caractères…
Francis Le Guen

Café

Quelques manifestations de la fluorescence animale dans ce film primé de nombreuses fois, par Elisabeth Lauwerys.

V COMME… VALSALVA

Définition

Opération manuelle pour équilibrer la pression interne et externe des oreilles. Inconvénient : on a toujours l’impression de plonger dans une station d’épuration, obligés de se boucher le nez à intervalles réguliers… 

Synonymes

Equilibrage des trompes d’Eustache | BTV (béance tubaire volontaire) | Frenzel | Toynbee

Entrée

Je sens que çà vient…

Sous l’eau, quand on descend, “on a mal aux oreilles”, c’est bien connu. Mal aux tympans plutôt, ces membranes étanches qui se déforment sous la pression extérieure alors que la pression de l’oreille interne reste inchangée. Il faut alors procéder à des manœuvres d’équilibrage, le B A Ba du plongeur “autonome”. 

Cette manœuvre consiste à rétablir de force l’équilibre entre la pression de l’eau extérieure et la pression intérieure de l’oreille moyenne en insufflant de l’air par le biais des trompes d’Eustache.

Dur de la feuille ?

Une opération relativement traumatisante pour les tissus et notamment les tympans. Il est donc recommandé d’éviter de l’effectuer de manière trop violente, surtout si on ne la maîtrise pas correctement.

En dehors des rares sujets qui maîtrisent naturellement la Béance Tubaire Volontaire (sans les mains), rien n’est plus difficile pour le moniteur d’apprendre à un novice à “équilibrer”. Nous avions abordé cette problématique, toujours d’actualité, dans le désopilant podcast : Tu viens pour le baptème ?“.

En effet, combien de débutants se retrouvent encore aujourd’hui avec les ouïes surgonflées mais n’éprouvant toujours pas le sacro-saint “couic” salvateur, repoussant pour quelques mètres seulement l’implosion des tympans dans d’atroces souffrances ?…

Plat

Aujourd’hui, la plupart des masques du marché disposent d’un nez “extérieur” en silicone, qu’on peut pincer pour équilibrer. Mais avant, il fallait se démerder… Pensez que le premier masque “Compensator” de Beuchat n’est sorti qu’en 1958… On relira avec le sourire l’accroche publicitaire de l’époque :

« Plongeurs, économisez vos tympans, évitez une surdité prématurée. Pour plonger plus profond, plus vite, un seul masque : Le Compensator.

…En effet, malgré l’efficacité incontestable du matériel de plongée moderne, un problème d’importance primordiale restait à résoudre : le mal aux oreilles bien connu des plongeurs”…

Je n’ai pas connu cette antiquité mais j’ai beaucoup plongé avec son successeur : le super compensator ! Que j’appréciais pour sa “double jupe” garantissant une meilleure étanchéité sans marquer trop le visage et pour sa vitre oblique offrant un volume moindre et donc un plus grand champ visuel. Et non pour ses ailettes à décompression, jouissant dès mon plus jeune âge (j’ai joui très tôt) de la maîtrise de la BTV, technique que je ne saurais trop vous encourager à découvrir et à pratiquer (si vous faites partie des “nez bouchés”)…

En parlant de nez bouché, nous avons tous connu le syndrome des oreilles qui “ne passent pas” lors d’états grippaux ou de plongées trop rapprochées. Pas bien grave quand il s’agit de renoncer à une énième plongée en mer. Mais il en va tout autrement lorsqu’on se trouve, par exemple, au-delà d’un siphon. Au moment de plonger pour regagner le jour, nada ! Impossible d’équilibrer pour franchir ce satané point bas ! La seule solution est de rebrousser chemin et d’attendre, dans la cloche d’air, que les conduits naturels se désengorgent. J’emmenais toujours à cet effet, dans une poche étanche, les médicaments qui vont bien (vasodilatateurs, sprays à la cortisone…)

Mais il arrive aussi que semblable mésaventure survient au cours de la même plongée, dans un conduit entièrement noyé et dont un tronçon plus profond empêche la plongée vers la sortie. Vous voyez le topo ? J’ai passé un jour plus de trente minutes dans un siphon du Lot avant de pouvoir passer “à la sauvage” mon oreille gauche et regagner la sortie… Raison pour laquelle j’évite, lors des “plongées récréatives”, dans les grottes marines par exemple, de remonter à tout bout de champ dans les cloches d’air et autres “grottes bleues” du plus bel effet. Il faut toujours penser au retour… Quand je vois le nombre de plongées “débutants” à travers le monde qui proposent cette configuration géographique, j’en frémis. 

Toujours besoin d’un petit groin…

On a toujours besoin d’un petit groin !

Et les pros ? Comment font-ils dans leurs casques lourds pour équilibrer ? En dehors des BTVistes distingués, c’est là qu’intervient le “bourre pif”, un accessoire plus ou moins bricolé permettant de se boucher le nez à l’intérieur du casque intégral, sans l’usage des mains !

Et dans l’espace, même combat : en novembre 2011, l’astronaute Samantha Cristoforetti de l’ESA publiait sur Twitter un portrait démontrant l’usage de la manœuvre de Valsalva lors de la pressurisation de son vêtement spatial “Sokol”…

Dessert

Le Docteur Valsalva

Antonio Maria Valsalva est né un 17 janvier 1666 à Imola, dans l’actuelle province de Bologne en Émilie-Romagne en Italie et est mort le 2 février 1723, à l’âge de 57 ans. C’était un médecin anatomiste de la fin du XVIIème et du début du XVIIIème siècle. C’est à lui qu’on doit cette fameuse manœuvre de Valsalva qu’il décrit pour la première fois dans son ouvrage De aure humana, publié en 1704. Initialement, cette technique était utilisée chez certains patients pour évacuer le pus, après avoir percé le tympan par paracentèse… Bon appétit !

La manœuvre de Frenzel, quant à elle, fut mise au point lors de la seconde guerre mondiale par les pilotes de chasse qui subissent de fortes variations de pression lors de leurs descentes en piqué. Une manœuvre “sans les mains” bien utile, ces dernières étant crispées sur les commandes…

Joseph Toynbee, malgré son nom d’animal de compagnie (Toynbee-chien), était un chirurgien auriculaire anglais (1815-1866) qui travailla entre autres sur le tympan. Il développa même une prothèse de tympan en gomme naturelle “gutta percha” et argent…

Café

Une lumineuse explication du Valsalva par les célèbres duettistes du PAF… Santé !

W COMME WINGS

Définition

Gilet de stabilisation en forme d’aile de papillon (un gros bombyx) assujetti directement aux blocs de plongée ou à la plaque reliant ceux-ci. Il existe également un modèle rond, qualifié de “Donut Wing” mais ça fait grossir !

Synonymes

Stab, Bouée d’équilibrage, Gilet stabilisateur.

Entrée

Archimède en son bain de liquide…

Désolé pour cet anglicisme mais il semble bien qu’avec “Waterproof” il n’existe pas d’autre terme français se rapportant à la plongée commençant par un W. Si vous en trouvez un, vous avez gagné ! Ce sera donc Wing.

En effet, s’il est un problème récurrent auquel sont confrontés les plongeurs petits et grands, c’est bien celui de la stabilisation. Trop léger, trop lourd… Tout ça parce que ce con d’Archimède avait pris l’habitude de réfléchir dans son bain ! Ce Monsieur avait des principes… S’il avait pris sa douche, on en serait pas là ! Vous connaissez : Tout corps plongé dans un liquide remonte rarement… et cætera.

Je n’apprendrais rien à la majorité des lecteurs de Scuba People mais pensons aux néophytes qui ignorent que sous l’eau on a tendance à couler mais aussi à remonter. Qu’on a besoin de plombs pour compenser la flottabilité du vêtement de plongée. Mais que l’épaisseur de la combinaison diminue en profondeur, s’écrasant avec la pression, transformant parfois le plongeur en enclume. Et qu’il faut donc un système de bouée gonflable pour compenser les variations de flottabilité. Qu’enfin, l’air qu’on expire a un poids et qu’il arrive souvent qu’en fin de plongée on soit trop léger au point de ne pouvoir tenir le palier de décompression, attirés comme des bouchons (plongés dans un liquide) vers la surface ! Galère…

Plat

Quand j’ai commencé à plonger, il n’existait qu’un système de stabilisation : nos propres poumons ! Enfin propres, plus ou moins encrassés de goudron… La fameuse technique dite du “poumon ballast” qui consiste à se remplir les bronches quand on veut monter et à les vider quand on veut descendre. Tout en respirant, à l’occasion. Simple et redoutablement efficace sauf en recycleur où, par définition… Bref inutile de souffler comme un veau dans le “faux poumon” pour tenter d’enrayer une brusque remontée ; la solution étant de souffler par le nez, à travers le masque mais n’entrons pas dans les détails scabreux…

Douix de Chatillon – 1976

Poumon ballast donc, en standard chez tous les plongeurs. Une technique qui, au passage, me semble de moins en moins enseignée, comprise et pratiquée, engoncés que nous sommes dans des vêtements étanches à triple parois et autant de systèmes de stabilisation “semi automatiques”. Car, au départ comme nous le verrons plus bas, les “bouées de stabilisation” n’en étaient pas : elles avaient été conçues uniquement pour la remontée du plongeur en urgence d’où leur nom de “PA, parachute ascensionnel”. Alors pour la progression en galerie avec les lourds “bi corailleurs » elles étaient souvent gonflées plus que de raison ; et on avait vite la tête enflée ; on était jeunes ; on s’en foutait !

Un saucisson ballasté…

Source de Landenouze – 1978

En spéléo nous avions introduit dans les années 70 le concept des “bouteilles relais” : des bouteilles de 12 litres que nous déposions en différents endroits du siphon pour les retrouver au retour. Nous les trimballions comme nous pouvions : à la main, accrochées aux sanglages (les Suisses utilisaient même des sandows) et c’était particulièrement inconfortable et lourd. C’est ainsi que lors d’une pointe à la source de Landenouze dans le Lot, nous avions eu l’idée de barder une 12 l d’une bouée collerette Spiro, tenue en place par une dizaine d’anneaux de chambre à air. Il suffisait de jouer avec l’inflateur (buccal) et la purge pour obtenir un saucisson parfaitement équilibré dans l’eau ! Une bouée collerette par bouteille relais…

Le Graal de la stabilisation n’était pas encore atteint. On assista alors à une différentiation des espèces, la bouée donnant simultanément naissance à la “stabilizing jacket” d’une part et aux “Wings” d’autre part, dès 1975 aux USA (le “direct system” fut lancé sur le marché par Scubapro en 1971). Lors de mes deux longs séjours en Floride en 1984 j’ai eu souvent l’occasion de plonger avec ces systèmes considérés comme exotiques en France… Sheck Exley m’avait même montré les croquis d’un modèle qu’il développait et qui ressemblait en tous points à un parachute ventral : il s’agissait de flotter dessus en parfait équilibre et de progresser en “frog kick” pour franchir les passages étroits sans soulever les sédiments…

Floride – Wing “papillon” – 1984

C’est donc avec des Wings flambant neuves que nous avions réalisé les plongées profondes dans Wakulla Springs et les photos du reportage au milieu des poissons-alligators…

Moins neuve était celle qui allait me mettre en difficulté lors de la plongée suivante et il me faut ici ouvrir une parenthèse. Sheck fut probablement le plus grand plongeur spéléo de tous les temps. Ses performances remarquables et ses explorations exceptionnelles firent date avant sa tragique disparition lors d’une tentative de plongée à -300 m dans le cenote Zacaton au Mexique. Formidable plongeur mais paradoxalement fort peu soigneux du matériel. Ainsi, à l’ouverture des portes arrières de son Van, on avait de la chance si on ne recevait pas un bi 2×18 litres sur les pieds mais on était sûr d’avoir à démêler un écheveau de détendeurs et flexibles qui montait jusqu’au genou !

Vertiges…

Nous étions ce jour là devant Die Polder II, une extraordinaire cavité que bien peu ont eu la chance de visiter… Dale Sweet, le premier à avoir tenté des plongées à l’hélium sous terre et qui avait avancé le plus loin dans la source, m’aidait à reconstituer un équipement parmi les “pièces détachées” de Sheck tout en secouant périodiquement la tête d’un air désolé…

Die Polder II – 1984

Nous voilà prêts et on me fait l’honneur de plonger en tête. La source ne paye pas de mine : un petit marécage peu profond mais zébré en son centre par une faille étroite. Je m’enfonce les palmes en avant, Dale me suit et Sheck ferme la marche. Le boyau est si étroit qu’il n’est pas possible de se faire face… -15 m, -20 m… Je gonfle régulièrement la Wing avec le direct system mais je ressens bientôt une gène sur laquelle je n’arrive pas à mettre un nom : je pars littéralement en vrille, comme si on me vissait vers le haut. Je progresse de quelques mètres encore jusqu’à un élargissement où Dale peut venir face à moi. Et je le vois de nouveau faire “non” de la tête avec son air consterné tandis qu’il s’affaire sur ma Wing. En raison du mauvais état de l’enveloppe, l’une des vessies est sortie et se promène au-dessus de ma tête, ce qui rend ma stabilisation impossible ! Réparation de fortune avec un bout de fil d’Ariane et un mousqueton et la descente se poursuit. C’est à -68 m que nous débouchons au plafond d’une salle noyée immense, avec une visibilité de plusieurs centaines de mètres… Vertige. Ce que j’avais pris pour des graviers étaient en fait des blocs énormes, à plus de 90 mètres de fond…

Dessert

Bouée Dumas – 1950

Nous l’avons vu, bien avant l’adoption des Wings, les plongeurs utilisaient des collerettes (ou bouées) stabilisatrices basées sur la fameuse “collerette de sécurité” inventée par Frédéric Dumas en 1950 et dont on peut voir un exemplaire au Musée Dumas de Sanary sur mer. Mais, comme le raconte l’ami scaphandrier Gérard Loridon, plongeur pionnier du GERS de la Sogetram et de la Comex : “… ma bouée Dumas est là, si nécessaire, mais j’ai bien trop peur qu’elle ne m’arrache la tête !…

De telles collerettes et bouées furent pourtant commercialisées par Aerazur (premier modèle en 1958) puis Fenzy (premier modèle en 1961). Le système de gonflage était alimenté en gaz par une réserve d’air ou de CO2, réserve séparée de la réserve principale du plongeur et portée sur un côté de la bouée. Toute une époque ;-)…

Café

Alors ? Wing ou stab ? C’est la cornélienne question à laquelle notre ami marseillais Vincent Defossez tente de répondre dans cette vidéo. Et vous, vous en pensez quoi ?

X COMME… XÉNON

Définition

Gaz rare (et cher) présent pour 0,087 ppm dans l’air. C’est vous dire le boulot pour en extraire une bouteille de 15 litres à 200 bars. Mais on s’en fout puisque le Xénon n’est pas respirable. Quand Xénon, xénon ! Non respirable et en plus, le xénon est un anesthésiant général utilisé en chirurgie : bonjour la narcose…

Synonymes

Xe | Bah oui, c’est un gaz RARE alors, les synonymes sont encore plus rares…
Entrée

Pour les journalistes, pas de problème : nous respirons tous dans des “bouteilles d’oxygène”. Cette expression qui faisait encore criser il y a peu tous les érudits hyperbares que nous sommes est en passe d’être vraie avec la démocratisation des recycleurs. Singulier revers du destin…

En fait “l’air du Bon Dieu” est une vraie saloperie : 79 % d’Azote qui ne sert à rien d’autre qu’à vous filer une narcose carabinée passé 60 m, du CO2 (dont on fait le réchauffement climatique), de l’oxyde de carbone, du déodorant à chiottes et de la fumée de cigarettes dans les bocaux étanches des aéroports où sont enfermés les voyageurs en manque et bien sûr, de l’oxygène, sinon je ne serais pas là pour vous écrire ces bêtises. Mais aussi de l’Argon, du Krypton, du Néon et le fameux Xénon.

Plat

Un gaz “inerte” ? Voire… On connaît aujourd’hui une flopée de composés chimiques contenant du Xénon. Et d’ailleurs, à l’époque héroïque où nous testions différents gaz rares (voir notre article sur lHélium), j’avais entrepris une plongée au trimix en utilisant du Xénon pour gonfler la combinaison étanche. J’étais ressorti de l’expérience couvert de boutons rouges du plus bel effet. Un phénomène de contre-diffusion sans doute intéressant à étudier mais le sujet d’expérience était surtout occupé à se gratter ! Exit, donc, le Xénon comme isolant thermique, l’Argon faisant parfaitement l’affaire.

Quant aux halogènes : il n’y a pas de plaisir…

En effet, avant les HID‘s et les LED‘s, les lampes au Xénon ont brillé au firmament des lampes sous-marines et ce gaz est devenu célèbre par le truchement des ampoules du même nom.

En plongée, c’est sans doute les éclairages qui ont fait le plus de progrès au fil des générations. Imaginez… Les premières lampes sous-marines des scaphandriers étaient à pétrole ! Ou à arc électrique, entre deux électrodes de charbon se volatilisant à vue d’œil. En 1862, Cabirol (qui va en général avec Denayrouse) met ainsi au point une lampe sous-marine à pétrole, reliée à la surface par deux tuyaux, l’un branché à une petite pompe à air, et l’autre ouvert, permettant l’évacuation des gaz de combustion. Pratique, en grotte, non ?

Et que dire du grand spéléo Norbert Casteret qui plongeait avec son fils Raoul dans les siphons des Pyrénées avec des lampes de poches à piles plates “4,5 v” enfermées dans des bocaux de verre à conserve ?

Beaucoup plus tard vinrent les “lampes étanches”  à joint torique avec 3 piles rondes dont le modèle “phare” était sans conteste l’Aquaflash de la Spiro. Au Moyen-Age, nous plongions avec 2 de ces lampes jaunes de quelques watts fixées sur un casque de chantier ou de moto avec une autre lampe, sanglée sur l’avant-bras, “en redondance”. C’est ainsi que je suis revenu de la pointe de 9h30 à la grotte de Trou Madame dans le Lot avec une seule lampe, clignotante… Et que j’ai atteint -97m à l’air dans le grand Goul de Tourne, en Ardèche, avec deux lampes déchargées, rougeoyantes, du plus bel effet…

L’avènement des lampes halogènes fut pour nous comme l’arrivée du Messie. Mais non ! Il fallait alors ferrailler avec des batteries trop lourdes, des contacts foireux et tout un tas de complications douanières lors de vols internationaux.

Alors, aujourd’hui, les p’tits jeunes qui disposent de vraies centrales électriques (moi, ça me fait mal aux yeux…) ne connaissent pas leur bonheur !

Quant à la photo, ne riez pas, nous utilisions des lampes à ampoules magnésiques, à usage unique ! O tempora, o mores (c’est du lapin…)

Dessert

C’est en 1926 qu’Harold Edgerton, ingénieur électricien au MIT, commence une série d’expériences sur les lampes à décharge. Il peaufine un tube contenant du xénon, capable de produire des éclairs de forte intensité et de durée extrêmement brève, de l’ordre d’un millionième de seconde.

C’est ainsi que pendant la Seconde Guerre mondiale, des stroboscopes de sa fabrication permettent de photographier les mouvements des troupes ennemies pendant la nuit. Après la guerre, il est le photographe des essais nucléaires en ultra haute vitesse.

Puis, attiré par l’œuvre du commandant Cousteau, il met au point un équipement permettant de réaliser des photographies sous-marines à des profondeurs inégalées à l’époque. On sait quel fut l’essor des flashs électroniques par la suite. Merci qui ?

Café

En avril 1952, Cousteau rencontre Harold E.Edgerton aux Etats Unis. Dans la piscine du MIT, il teste pour la toute première fois un caisson sous-marin et son flash au Xénon.

Et en 1953, mise au point d’un « traîneau à images” avec Albert Falco, François Saout, Harold E. Edgerton, Jacques-Yves et Simone Cousteau

Y COMME YOYO

Aux Iles Vierges, la plongée “yoyo” c’est le monde à l’envers ! 

Définition

La plongée “yoyo” était un terme en vogue avant l’avènement des ordinateurs et qui vouait aux gémonies les pratiquants de plongées au profil sinusoïdal voire franchement ingérable par opposition aux plongées “carrées” réglementaires. C’était mal. Très mal ! Ce sobriquet n’a toutefois rien à voir avec l’antique et agaçant jouet d’enfant qui monte et descend (en principe) le long de son fil…

Synonymes

Profil de plongée | Plongées carrées | Plongées successives | Bordel intégral | 

Entrée

Au palier, au large d’Ajaccio en Corse. Après une série de plongées “yoyo”…

Nous avons déjà abordé ce vaste thème de la décompression à l’occasion de l’article sur les ordinateurs de plongée

Comme nous l’avons signalé en introduction, les algorithmes de décompression sont calculés pour des plongées réglementaires au “profil carré”, à savoir une descente, un séjour au fond à profondeur constante, une remontée et des paliers pour la décompression. A la rigueur, une deuxième plongée dite “successive” quelques heures plus tard. C’est aussi de cette manière que fonctionnaient les antiques couples montres/profondimètres/tables qui obligeaient à de fastidieux calculs sur et sous l’eau et qui ont fait les beaux jours de la “plongée de loisir”. 

Les conditions du terrain et la pratique du sacerdoce nommé “monitorat” obligent parfois à donner de sérieux coups de couteau dans le contrat et à enchaîner les plongées non orthodoxes. On sait aujourd’hui à quel point ces plongées dites “yoyos” sont dangereuses. En particulier lors d’exercices d’apparence anodins, en fosse ou en mer, où le moniteur est conduit à pratiquer de nombreuses descentes et remontées pour accompagner les élèves. Raison de plus pour veiller à cela lors des plongées “réelles” même si la généralisation des ordinateurs conduit à transgresser cette règle lors des l’exploration de grandes épaves par exemple. On remonte, on redescend… Attention, ce n’est pas parce qu’un ordinateur tient compte de ces variations et calcule la décompression grâce à son algorithme mathématique qu’il en sera de même de votre corps !

Plat

Ces petits dévidoirs pour les bouées ont en effet un peu la forme des yoyos mais cela n’a évidemment rien à voir avec le sujet qui nous occupe !

En Bretagne, où je pratiquais au Moyen Age la noble activité de moniteur il n’était pas rare d’enchaîner les plongées rendant le calcul des “successives” plus qu’aléatoire.

Notre mesure empirique était calée sur l’apparition ou pas, en fin de journée, de rougeurs et autres démangeaisons, barotraumatismes occasionnant pustules et plaques rouges qu’on appelait “puces” et “moutons”, heureusement disparus de la pratique aujourd’hui…

Comme je suis passé assez vite à la plongée souterraine, activité d’exploration à cheval sur la plongée et la spéléo, j’ai été très tôt confronté à ce problème des profils de plongée “non carrés”. En effet, sous terre, c’est la grotte qui décide, conduisant le plongeur à plus ou moins grande profondeur au gré du profil de la galerie. Encore faut-il considérer le retour et la présence de nombreux siphons successifs et donc autant de descentes et de remontées, avec ou sans paliers nécessaires… Un casse tête qui limita longtemps les spéléonautes cantonnés aux calculs par tables “à la profondeur maximum”. Puis sont apparus les premiers “décompressimètres” nommés aux Etats Unis “Bendomatic’s” qui grâce à des méthodes empiriques, mécaniques et furieusement analogiques permettaient en principe de tenir compte des variations de profondeur et de proposer des paliers de décompression adaptés. Sans doute accordions nous une confiance exagérée dans ces premiers accessoires de plastoque, toujours est-il il que je leur doits (j’en emmenais deux…) beaucoup de mes belles premières…

Plongées au Moyen Age.

Tombant en mer rouge : attention à la tentation du “yoyo”…

Arriva enfin le Decobrain, une version numérique qui semblait être l’arme absolue. Dans le but de poursuivre l’exploration de la grotte de la Mescla (où j’atteindrais la profondeur de -80m dans le siphon n° 3) et en prévision du grand nombre de “plongées successives” à venir, je décidais de m’entraîner sur les terres du regretté Jean Pierre Joncheray en baie de Fréjus sur le site classique du “lion de mer”. Mais pas question de pratiquer ce bain de pied de manière orthodoxe. Si je condescendais à m’immerger dans l’eau salée c’était pour pratiquer cette plongée classique “à la spéléo” ; c’est à dire en solitaire, comme je le serais plus tard, et muni d’un bi 2×20 litres pour disposer de l’autonomie considérable et de la redondance permettant une plongée longue, très longue, entre la surface et plus de 40 mètres, dans une plongée-loisir toujours recommencée, enchaînant des dizaines de descentes et montées… Je me fiais au bip bip’s et clignotants de mon flambant neuf ordinateur de poignet et tout se passa sans incident, comme prévu, ainsi que l’exploration de la Mescla. Cette expérience n’est en aucun cas du prosélytisme, surtout à la lumière de ce qu’on sait aujourd’hui…

Dessert

Paul Bert, le visionnaire…

Il n’est pas inutile de rappeler à quel point la décompression et le calcul des paliers est essentiellement empirique. L’homme en effet ne se réduit pas à des équations et la vérité est que nous ne savons pas exactement ce qui se passe dans notre corps, encore moins peut-être lors des plongées successives ou “yoyo” ni des raisons qui les rendent plus “accidentogènes”… Par exemple lorsque en 1948, la Marine Nationale équipa ses plongeurs d’un matériel de plongée autonome elle utilisa les tables de plongées de l’US Navy dont la vitesse de remontée était fixée à 7,5 m / mn. Ce qui fut considéré comme inutilement lent. C’est pourquoi on adopta les nouvelles tables GERS en 1959 avec une vitesse de remontée plus rapide. Mais, à la suite d’accidents survenus avec ces tables, la vitesse de remontée passe à 17m / mn. Ce furent les tables GERS 1965. Hélas, de nouveaux accidents arrivèrent et la Marine Nationale Française réalise une enquête statistique sur 250 000 plongées qui aboutit à la mise au point des nouvelles tables “MN 90”. Tables depuis régulièrement corrigées et utilisées longtemps par la FFESSM dans le cadre de la formation des plongeurs. C’est d’ailleurs avec celles-ci que j’ai appris et pratiqué la plongée (remontée à 20m / mn) avant l’avènement des ordinateurs. Comme on le voit, la mise au point de ces tables reposait en fait sur un assez sinistre empirisme fait “d’essais – erreurs” avec à la clé un nombre considérable d’accidents de décompression plus ou moins graves ou handicapant…

La fameuse “maladie des caissons”… Diverses hypothèses furent formulées quand à l’origine du mal, mais c’est Paul Bert qui en découvrit la cause en 1878 : la formation de bulles d’azote dans l’organisme. Il révéla également l’effet neurotoxique de l’oxygène (hyperoxie) et, paradoxalement, l’effet bénéfique de l’oxygène pur pour réduire la maladie de la décompression. Il proposa, faute de mieux, de remonter très lentement…

John Scott Haldane, le moustachu.

Ce n’est qu’en 1907 que les travaux de John Scott Haldane (physiologiste écossais) spécialisé dans la physiologie respiratoire, avec l’aide de A.E Boycott (également physiologiste) et de G. C. C. Damant (officier de la Royal Navy britannique) conduisent à l’établissement des premières tables de plongée à l’air jusqu’à 63 mètres, après avoir fait de nombreuses expérimentations animales. En 1943, la marine américaine publie ses tables de plongée. Elles seront revues et corrigées au cours des année cinquante et deviendront les incontournables “Tables US-Navy”, utilisées un peu partout dans le monde.

En Suisse, la table “Bühlmann”, dans sa première version, constituée d’une table immergeable en plastique constituée d’un disque avec une réglette amovible apparaitra au début des années 80. La deuxième mouture, en 1986, fera le tour du monde. Elle est à la base de la plupart des algorithmes utilisés actuellement dans les ordinateurs de plongée…

Café

Haro sur le “yoyo” professionnel des “remontées assistées” ! Epreuve moyenâgeuse s’il en est (bon, je n’en suis pas mort mais ça n’excuse rien) dénoncée ici par l’ami Vincent d’Aquadomia à Marseille.

Et pour notre séquence “gnan gnan”, figurez-vous qu’il existe une opération chirurgicale pour soigner les otites et qui s’appelle aussi “yoyo”. Si !

Z COMME…ZODIAC

Définition

Bateau gonflé à l’air, pour aller sur l’eau avant de plonger dessous.

Synonymes

Zozo | Zod | Boudin | Canot pneumatique | Dinghy | Annexe

Entrée

Popularisé par Bombard (Alain) en 1952 lors de sa traversée en solitaire de l’Atlantique en 65 jours, le Zodiac s’appelait alors un « Bombard », produit par la société Zodiaque. Mais il y a eu une marque Bombard, aussi… On y comprend rien ! Bref. Pas un plongeur aujourd’hui qui ne soit familiarisé avec ces bateaux gonflables et “insubmersibles” : ils font littéralement partie du décor. Sans oublier le gros mixer à soupe à l’arrière, idéal pour débiter en rondelles au choix : des lamantins, des tortues ou des plongeurs désireux de regagner la surface, dans la mesure où ils sont en apnée depuis trop longtemps…

Plat

Voici venu le moment des anecdotes personnelles. Fichtre ! Que raconter à propos d’un bateau pneumatique, assis sur du vent ? Mais si, justement, parlons redondance… Les pneumatiques sont constitués de 3 ou 4 boudins indépendants, ce qui rend le bateau quasiment insubmersible, soit. Mais qu’en est-il du moteur ? Ces saloperies rutilantes qui coûtent un bras (si on le met dans l’eau) et qui sont essentiellement en panne ? 2 temps, 4 temps, mille temps, toutes marques confondues : la même daube ! Et jouer de la clé à bougie au milieu du matos qui danse par force 5, dans les flaques d’huile et d’essence est une épreuve toujours pénible pour les nerfs… Alors aujourd’hui, les “zods” des pros sont équipés de deux moteurs !

Et que dire du démarrage, à tirer comme un forcené sur la cordelette dans l’attente d’un improbable hoquet ?

En un seul été nous étions pourvus d’un bras gauche de crabe violoniste ! Les plus anciens se souviennent que nous avions alors des bouées collerettes “Fenzy” alourdies d’une bouteille d’inflation qui ballotait au niveau du nombril. Immanquablement, en fin de course du lanceur, on s’arrachait un doigt sur la robinetterie crantée de la dite bouteille. Moment d’apnée … Variante : la sous cutale de la bouée non attachée, pour garder un peu de liberté de mouvements, un regard méchant au lanceur tenu bien en main, une grande inspiration et dans un seul long cri, on tiiiire… Entraînée par le mouvement, la bouée pivote alors autour du cou et la bouteille arrive à pleine vitesse dans la face du plongeur à votre gauche. C’est ainsi que j’avais pratiquement assommé une de mes stagiaires, penchée avec sollicitude sur mes tentatives infructueuses…

A l’époque, les mois d’été, nous nous occupions d’un petit club de plongée dans le Finistère nord. Avec un chalutier de 14m reconverti, nous allions plonger “au large” avec toutes sortes de clients, la plupart égarés dans cette lointaine province (les GPS n’existaient pas encore). C’est ainsi que nous avions embarqué un plongeur d’origine asiatique qui souffrait déjà visiblement du froid. Même en juillet, la Bretagne n’est pas donnée à tout le monde. Ce devait être un plongeur de lagon car, dès les premiers clapots, il tirait sur le vert. Entièrement équipé mais grelottant patiemment, entre deux spasmes, il faisait un peu pitié. Arrivés sur site, l’annexe est mise à l’eau, sur bâbord. Encore quelques manœuvres et soudain, un grand bruit se fait entendre. Dans un état second, pensant que ces changements de régime moteur étaient le signal de mise à l’eau, le type avait fait une bascule arrière pour échapper au mal de mer ! On l’avait retrouvé en croix, sur le plancher du zodiac, 3 m en contrebas… Insubmersible !

Dessert

Coque semi rigide, demi molle, les variantes sont nombreuses pour ce type d’embarcation. Mais Cousteau voulait la plus grosse ! Le 10 décembre 1960, dans le port de Monaco fut baptisée “l’Amphitrite“, le plus grand canot pneumatique du monde coproduit par la société Zodiac, Cousteau et la National Geographic Society. Le bestiau mesurait 19,5 m et était propulsé par 8 moteurs. Mais nul ne sait ce qu’est devenu cet engin…

Café

Retour sur l’aventure d’Alain Bombard… Il fallait le faire !

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